Au cœur du débat, le projet de centre commercial et culturel, EuropaCity, porté par Alliage & Territoire, filiale d’Immochan - groupe Auchan - et son partenaire chinois Wanda, dans le Triangle de Gonesse (Val d’Oise), constitué de 700 hectares de terres agricoles enclavée entre les aéroports du Bourget, de Roissy, l’autoroute A1 et l’ancienne usine de PSA Aulnay.
Le projet porte sur la construction d’un centre commercial colossal, accompagné d’un parc aquatique (le plus grand du pays, d’après le directeur du projet), une « ferme urbaine », un « snowpark » avec pistes de ski (ce qui invite au questionnement en matière énergétique), un parc d’aventure, des hôtels (…), le tout sur une surface de 80 Ha, au sein de la future Zone d’aménagement concerté (ZAC) de 280 Ha prévue par la révision du PLU de Gonesse.
Si le projet voit le jour, les travaux devraient débuter d’ici 2019, pour une livraison prévue en 2021.
Les porteurs du projet voient grand en terme de fréquentation, puisqu’ils visent les 31 millions de touristes par an, c’est-à-dire le double du parc Euro Disney.


La révision du PLU, prescrite par délibération du Conseil municipal de la commune de Gonesse, a donc notamment pour objectif d’ouvrir à l’urbanisation des zones agricoles.

Dans le cadre de l’enquête publique concernant la révision du PLU, le commissaire enquêteur a, le 24 aout 2017, rendu un avis défavorable au projet, estimant notamment qu’il était « peu compatible avec la notion de développement durable à différentes échelles ».

D’une part, il estime que les orientations du projet sont incompatibles avec le pilier environnemental, de par ses « impacts sur le changement climatique, la destruction de ressources et l’atteinte à la biodiversité ». D’après le commissaire enquêteur, le projet de révision devrait notamment « réduire ses impacts environnementaux en commençant par diminuer la consommation des terres agricoles ». Il y a quelques mois, le ministre de la Transition écologique et solidaire, M. Nicolas Hulot, se positionnait dans le même sens, estimant que le projet EuropaCity n’était pas compatible avec le Plan climat porté par le gouvernement.

D’autre part, ces orientations sont, toujours d’après le commissaire enquêteur, « modérément compatibles avec le pilier économique » et « peu convaincantes sur le pilier social », la création d’emplois avancée par les porteurs de projet (11.800 emplois directs selon Immochan) pouvant « se faire au détriment des activités présentes sur les territoires voisins, avec potentiellement la création de friches commerciales et tertiaires ».
Deux centres commerciaux sont en effet déjà installés aux alentours du projet, dont les dirigeants craignent déjà la future concurrence avec le centre EuropaCity.

L’établissement public territorial Paris, terre d’envol, constitué de huit communes voisines du terrain d’assiette du projet, s’inquiète d’ « un projet qui ne répond ni aux attentes des habitants, ni aux exigences environnementales, et va affecter profondément l’emploi et les commerces de proximité ».

L’avis rendu par le commissaire enquêteur est consultatif et non obligatoire : la commune n’est donc pas liée par celui-ci. Le maire de Gonesse, M. Jean-Pierre Blazy, n’a pas manqué de réagir, déclarant qu’il proposerait bien, comme prévu, l’adoption de la révision du PLU au Conseil municipal le 25 septembre prochain.