Greenpeace a publié, le 27 juin 2017 un rapport accablant au sujet de la stratégie d’obsolescence programmée des grandes marques de produits high-tech tels que Apple, Microsoft et Samsung. L’ONG a ainsi comparé 44 smartphones, tablettes et ordinateurs portables les plus vendus sur le marché entre 2015 et 2017 et ce afin de tester leur capacité à pouvoir être réparé et donc leur obsolescence. Avec le concours du site de réparation iFixit (un site collaboratif de référence consacré aux tutoriels de réparation), Greenpeace a pu effectuer ce classement selon plusieurs critères : facilité de remplacement de la batterie ou de l’écran des appareils, disponibilité des pièces de rechange et des manuels de réparation, absence de nécessité d’outils spécifiques pour la remise en état de marche ou encore universalité de la visserie.

Le constat dressé par Greenpeace est sévère : réparations impossibles, batteries irremplaçables, prix de réparations exorbitants, manuels de réparation introuvables. Dans la catégorie des smartphones, Samsung est en première place du classement car ses téléphones ne remplissent aucun critère retenu pour l’étude. Dans la catégorie des tablettes, Microsoft occupe également la première place. De même dans la catégorie des ordinateurs, Apple décroche la première place. Habitué à la controverse, Apple subissait déjà de vives critiques en octobre 2016 suite à sa décision de rendre obsolète l’Iphone 4 à compter. A partir d’octobre 2016, il n’était plus possible de procéder à des mises à jour ou de réparer faute de pièces détachées le smartphone lancé en 2010.
Le constat de Greenpeace est particulièrement accablant pour Apple aux vues de l’engagement affiché par la société multinationale pour l’environnement. Cette « stratégie d’obsolescence » a été dénoncée par Laeticia Vasseur, la fondatrice de Halte à l’obsolescence Programmée qui avait déclaré en octobre 2016 que la stratégie d’Apple en matière d’obsolescence programmée était « l'illustration d'un mépris pour le consommateur comme pour l'environnement.». La société américaine pousse le consommateur à obtenir les versions les plus récentes de ses produits sans tenir compte du processus de production et des impacts sociaux et environnementaux qui en découlent. Pour fabriquer un téléphone portable, il faut par exemple extraire des minerais rares dans des mines des pays du sud et assurer le transport de ces derniers.

L’obsolescence programmée est depuis 2014, une infraction punie de deux ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d'amende. La loi sur la transition énergétique, adoptée le 14 octobre 2014 par l’Assemblée nationale, définit cette pratique et ouvre la possibilité de recours en justice. Lors de l’adoption de cette loi, les députés ont décidé que l’obsolescence programmée pourrait être punie comme une tromperie. Il est donc possible de saisir la justice sur certaines pratiques industrielles visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement.
L’obsolescence programmée constitue une pratique néfaste pour l’environnement. Porté par Ségolène Royal, qui était en 2014 ministre de l'écologie, du développement durable et de l’énergie, la loi avait pour but d’abaisser la consommation d’énergie, de réduire les gaz à effet de serre et de promouvoir les filières renouvelables.
Suite au classement publié par Greenpeace, les sociétés concernées n’ont pas encore réagi.