L'investissement socialement responsable se trouve au cœur des préoccupations des économistes et financiers. L’ISR est un concept qui permet de concilier les principes du développement durable à l’investissement des acteurs économiques. L’Agence française de gestion financière élaboré en 2013 une définition de cette notion. « L’ISR est un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental ». L’ISR désigne donc les différentes approches qui consistent à intégrer les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance dans la gestion financière.

Ainsi, les indicateurs déterminant les décisions d’investissement ne sont plus uniquement financiers, mais combinent performance financière et extra-financières des différents émetteurs (ex : entreprises, collectivités, Etats…). La notion d’ISR est ancienne mais elle se réinvente depuis quelques années au travers de produits financiers visant à générer une performance sociale et ou environnementale en plus de la performance financière. Les produits de placements ISR foisonnent et se diversifient.
La conférence de Paris sur le climat de 2015 (Cop 21), la loi de transition énergétique et les diverses initiatives internationales ont par exemple poussé les établissements financiers à repenser leurs produits de manière à lutter contre le réchauffement climatique.

Il existe plusieurs catégories d’émetteurs de ces produits financiers socialement responsable. Il s’agit en premier lieu des investisseurs institutionnels qui sont dans la plupart des marchés, porteur de cette approche d’investissement. Il peut s’agir de fonds de pension, de banques, de compagnies d’assurances ou de société de gestion. Les sociétés de gestion développent elles aussi l’investissement responsable, en intégrant les critères ESG et en proposant des fonds ISR. Ces produits ayant le vent en poupe, les établissements financiers les proposent également aux particuliers qui peuvent ainsi jouer un rôle important dans le développement de l’ISR en plaçant leur épargne ( épargne retraite, épargne salariale) dans des fonds « ISR ». Ils peuvent ainsi agir en faveur du développement durable grâce à leur épargne.

Le choix d’une approche ISR peut être motivé par différents objectifs. Pour les investisseurs de long terme, l’ISR permet de concilier performance économique, impact social et impact environnemental. Ainsi, l’analyse ESG des établissements financiers permet d’identifier les risques extra-financiers qui peuvent mettre en péril leur rentabilité financière à long terme, et ainsi, mieux les maîtriser. Elle permet également de saisir de nouvelles opportunités économiques induites par le développement de filières ou de produits éco responsables ou favorisant la transition écologique. Par exemple, pour un gérant de portefeuille, il s'agit d'encourager les entreprises (ex : start-up, PME) qui ont placé des critères sociaux et environnementaux au centre de leur stratégie. Il peut autant s’agir de la conception de nouveaux produits créateurs de marchés (produits verts, bâtiments durables, voitures hybrides) jusqu'à l'optimisation de l'utilisation des ressources naturelles, de l'approvisionnement, de la distribution, lesquelles donnent lieu à des gains de productivité considérables. Investir dans ce type d’entreprise est rentable car la démarche ISR prend en compte des critères de long terme et l'entreprise concernée est ainsi plus solide que les autres. Cette prise de position met ainsi l’entreprise en mesure de mieux anticiper les évolutions de la société et de répondre aux attentes de la société civile (institutions, consommateurs, associations) en matière de respect de la personne humaine et de l'environnement.


Pour d'autres acteurs financiers, l'ISR est un moyen d'investir dans des entreprises dont les pratiques sont en adéquation avec leurs valeurs ou celles de leurs clients. L'analyse extra-financière leur permet d'exclure de leurs investissements des secteurs d'activités (ex : tabac, alcool, armement, textile). qui ne sont pas en phase avec leurs valeurs morales, ou des entreprises qui font l'objet de controverses parce qu'elles sont coupables de violation des grandes conventions internationales sur l'environnement ou le respect des droits humains (ex : l’affaire Nike v. Kasky ou l’effondrement de l’atelier textile, le Rana Plaza en 2013).

Eric Borremans, le responsable de ISR chez BNP Paribas a par exemple expliqué dans une interview donnée en 2015 que la banque privilégiait « les sociétés qui, par rapport à leurs concurrents, émettent moins de CO 2, par exemple, ont un taux moins élevé d'accidents du travail, consacrent des budgets plus importants à la formation des salariés, dont les conseils d'administration sont plus “indépendants” de la direction générale ».