A l'issue d'une opération baptisée « Trente jours d’action », l'Organisation internationale de police criminelle a intercepté 1,5 million de tonnes de déchets illégaux dans le monde. Cette opération d’envergure a été menée du 1er au 30 juin avec la collaboration de 43 pays.
Les déchets saisis sont pour l’essentiel des rebuts électroniques ou métalliques, provenant de l’industrie automobile. Le trafic de déchet est une véritable criminalité organisée et qui nuit fortement aux sols, à l’air et à l’eau. "Lorsque les déchets dangereux sont mal éliminés, ils contaminent l'eau, le sol et l'air, menaçant la santé et la sécurité dans le monde", déplore Interpol. Le trafic de déchets permet à des individus de profiter des différences existantes entre les pays et les régions dans la gestion des déchets ou encore de législations moins contraignantes.

L’action menée par Interpol est inédite : auparavant, l’organisation s'était surtout concentrée sur les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Elle avait ainsi montré que 65% de ces déchets (6,15 Mt) sortaient des circuits officiels de collecte : ils ont été exportés (1,5 Mt) ou recyclés dans des conditions non conformes en Europe (3,15 Mt) mais également jetés parmi d'autres déchets (750.000 t).
Pour cette opération menée à l’échelle mondiale, l'Organisation de police a élargi son champ d'action à tous les types de déchets illégaux, comme les déchets industriels, de construction, domestiques, médicaux, etc. Toutefois la majorité des déchets retrouvés étaient des déchets métalliques ou électroniques, généralement liés à l'industrie automobile

L'opération a permis de recenser 85 sites où avait été déposées en dehors de toute légalité plus d'un million de tonnes de déchets. Ces actes constituent des délits d’ordre criminel ou administratif : 326 personnes et 244 compagnies sont ainsi mises en cause.

Au final, 226 infractions pénales ont été signalées : 141 transferts représentant près de 14.000 tonnes de déchets illégaux et 85 sites où les déchets ont été éliminés illégalement. Interpol a également identifié 413 entorses administratives. Environ 326 personnes et 244 entreprises auraient au total été impliquées au niveau mondial.

Interpol a pu vérifier que l'Asie et l'Afrique représentent les principales destinations des déchets exportés illégalement depuis l'Europe ou l'Amérique du Nord, un trafic existant aussi entre pays européens, relève Interpol. L’organisation précise que : "Les autorités néerlandaises ont découvert plus de 10.000 tonnes de déchets soupçonnés d'être impliqués dans un trafic illégal en Europe et des Pays-Bas vers des pays d'Afrique de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est asiatique et des Caraïbes".

De nouvelles voies transnationales de trafic ont également pu être identifiées par l'opération. L’opération a ainsi permis d’exposer au jour de nouveaux circuits pour ce type de trafic en interceptant 300 tonnes de déchets dangereux transférés illégalement de Chypre en Amérique centrale. L'organisation a découvert un circuit de transit passant par l'Egypte, Malte, le Maroc, le Portugal, l'Espagne et les États-Unis.

Ce phénomène figure parmi les priorités de l’Union européenne dans la lutte de la criminalité organisée pour les cinq prochaines années. Les pays de l’Union Européenne ont particulièrement été inactif face à ce phénomène. En 2014, Bart STAES, alors rapporteur d’un projet européen de renforcement des règles en la matière dénonçait le laxisme des états membres : « Trop d'Etats membres ont fait preuve de mauvaise volonté et n'ont mené aucun contrôle en temps réel concernant les transferts illicites des déchets à partir de leur territoire ».