Le groupe français espère signer cette année, un accord avec l’Inde en vue de construire et d’installer six réacteurs EPR au bord de la mer d’Arabie, à Jaitapur. Ce projet est titanesque dans la mesure où il s’agit d’implanter au bord de la mer d’Arabie, une capacité de production de 9 900 MW, ce qui ferait de Jaitapur la centrale nucléaire la plus puissante au monde. Elle représenterait à elle seule 20% de la production nucléaire française et pour l’instant son coût approximatif est évalué à 56,7 milliards d’euros.

Le rapprochement du géant français de l’électricité et de son homologue indien Nuclear Power Corp of India (NPCIL) avaient eu lieu en janvier 2016, lors d’une visite d’Etat de l’ancien président François Hollande. Ces deux sociétés avaient signé un protocole de coopération relatif à la construction de six EPR dans l’ouest du pays. Les autorités indiennes et françaises affichaient la volonté de poursuivre la préparation de la certification du réacteur par l’autorité de sûreté indienne et de finaliser les conditions économiques et les spécifications techniques du projet. A la suite de cette visite, l’électricien français avait remis une offre indicative en juin 2016.

Cet accord suscite néanmoins une forte controverse en Inde. La population locale s’élève contre la construction et l’exploitation de ces réacteurs EPR. En effet, une manifestation anti-nucléaire a eu lieu, le dimanche 20 août. Des milliers de manifestants habitant la région ont effectué une marche de cinq kilomètres en se dirigeant vers Madban, un village indien de la côte de Konkan, qui s’étire entre Bombay et Goa. Les manifestants (qui étaient pour la plupart des cultivateurs et pêcheurs) ont organisé un sit-in à proximité d’un terrain promis à EDF, sur un plateau d’une vingtaine de mètres de haut dominant la mer d’Arabie.

Ils ont exprimé leur désarroi face aux six réacteurs à eau pressurisée de troisième génération (EPR) que l’électricien français envisage de bâtir. Les pêcheurs de la région craignent que le réchauffement de la mer par les circuits de refroidissement de la centrale détruirait le patrimoine halieutique tandis que les cultivateurs de noix de cajou et de mangues sont persuadés que leurs récoltes futures et la survie des forêts environnantes (où 300 essences de plantes différentes et 150 espèces d’oiseaux cohabitent) sont en péril. Ces opposants estiment également que le site sur lequel les réacteurs seront construit est propice aux tremblements de terre.
Du point de vue d’EDF, Jaitapur offre une configuration idéale. Xavier Ursat, le directeur exécutif chargé des nouveaux projets nucléaires déclarait en début d’année : « Nous pensons sincèrement que les conditions techniques sont très bonnes et les conditions économiques très correctes. Si nous avions des doutes, nous n’irions pas, car nous ne voulons pas marier notre nom à un projet qui ne correspondrait pas à nos standards. ’accès à la mer est facile pour les prises d’eau destinées au refroidissement des réacteurs, et le site est classé en zone sismique modérée, ce qui est tout à fait compatible avec l’implantation de réacteurs EPR. ».

A l’heure actuelle, la parcelle de terre est fermée par une grande clôture et aucune activité n’est visible depuis l’extérieur. Des travaux exploratoires ont eu lieu afin de déterminer l’épaisseur exacte de latérite qui couvre la roche basaltique sur laquelle les fondations sont appelées à reposer. Néanmoins EDF attend toujours d’obtenir l’aval du gouvernement indiens, tandis que les opposants au projet ne désarment pas. Cette fois, et à leur grande surprise, ils se sont retrouvés encadrés par de nombreux policiers armés de matraques, et ont vu un drone les survoler. Alors présente, la presse locale soulignait la « tension » qui aura marqué ce énième rendez-vous, relevant que plus de 700 manifestants ont été interpellés, dont plusieurs députés de l’État du Maharashtra et de l’Assemblée nationale qui réclament l’abandon du projet.

Au printemps, EDF avait laissé entendre que le chantier pourrait démarrer en 2018, pour une mise en service entre 2025 et 2027. Les échéances restent aujourd’hui incertaines car EDF n’a obtenu de l’Inde qu’un accord de principe.