Alors que le Japon commémore ce samedi 11 mars 2017, le sixième anniversaire de la catastrophe nucléaire, la région de Fukushima est toujours confrontée aux problèmes de la décontamination et du démantèlement. Sa politique énergétique reste quant à elle, instable.

Pour mémoire, l'accident nucléaire de Fukushima est un accident industriel majeur qui a eu lieu le 11 mars 2011 au Japon, à la suite du séisme de la côte Pacifique du Tōhoku, puis d’un tsunami ayant dévasté les réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi, et provoqué l’explosion successive de quatre des sept réacteurs.

Suite à cela, des rejets massifs dans l'atmosphère ont été libérés provoquant un désastre environnemental majeur tant sur le plan floristique que faunistique. Depuis lors, les réacteurs ont été confinés et les questions relatives à la décontamination ainsi qu’au démantèlement restent toujours en suspend, et ce pour plusieurs raisons.


Des mesures de décontamination et démantèlement du site difficiles à mettre en œuvre:

D’une part, l'ampleur des dégâts ainsi que les conditions extrêmement difficiles d'intervention impliquent un démantèlement sur une longue période. En effet, comme le souligne Thierry Charles, directeur général adjoint et chargé de la sûreté nucléaire à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « les conditions de travail sur le site sont des conditions qui ne sont pas faciles puisqu’il faut impérativement que les opérateurs soit équipés de moyens de surveillance et d’équipements dédiés à la protection contre les rayonnements et que chaque intervention qui va se faire à l’intérieur des bâtiments est une opération qui a été étudiée à l’avance pour définir les conditions de travail dans l’installation ».

D’autre part, si aujourd’hui, le site est stabilisé, le niveau de radioactivité ne permet pas à l’Homme d’intervenir dans le cœur du réacteur. Ainsi, depuis 2017, des robots ont été envoyés dans des lieux où les niveaux de rayonnement empêchent l'entrée humaine. C’est notamment le cas du fond de l’enceinte de confinement, où des robots ont été envoyés pour inspecter l’état du Corium (magma métallique et minéral radioactif constitué d'éléments fondus du cœur d'un réacteur nucléaire). Néanmoins, les incursions robotiques sont difficiles. En effet, la caméra d’une sonde robotique, envoyée dans la zone de confinement, en janvier 2017, a été détruite par le rayonnement. Un mois plus tard, un robot qui avait pour objectif de visualiser l’état et le lieu du carburant endommagé a du être abandonné dans le réacteur à cause d’un nombre trop important de débris l’empêchant d’avancer.

De surcroit, la solution envisagée à terme, dont l’objectif est de rejeter l’eau présente sur le site après décontamination reste encore à définir. En effet, les autorités doivent dans les années à venir, établirent la politique qui permettra le rejet dans des conditions contrôlées de l’eau après épuration des radioéléments.

Tout reste encore à réaliser…


La situation énergétique du Japon:

Au regard de l’énergie, l’ambition générale affichée aujourd’hui est celle de la promotion des énergies renouvelables ; par le développement de l’éolien, du solaire, de la biomasse et de la géothermie. Dans certaines préfectures du pays, la part des renouvelables fournit jusqu’à 20% de la demande en énergie.

La société civile Japonaise se mobilise en faveur d’alternatives en agissant activement pour le développement de l’énergie renouvelable. En effet, les citoyens mettent en œuvre des collectifs afin de produire leur propre énergie. Selon Tetsunari Iida, ancien ingénieur nucléaire, directeur de l'Institut pour des politiques énergétiques soutenables au Japon, le pays « compte maintenant 200 collectifs énergétiques de petite et grande taille ».

Cependant, l'administration actuelle de M. Abe (premier ministre du Japon, en fonction depuis 2012) se révèle plutôt défavorable à une véritable transition énergétique, avec un plan stratégique souhaitant partager l’offre de l’énergie nucléaire (20-22% de l’offre) de manière similaire à celle des énergies renouvelables (20-24%). Pour cela, il faudrait néanmoins redémarrer des réacteurs nucléaires aujourd’hui à l’arrêt, ce qui paraît être une perspective difficilement atteignable.

Enfin, la place que requiert les énergies renouvelables peut se révéler être un frein au Japon, dans la mesure où le Japon possède une petite superficie et une population importante. Des solutions devront être développées dans les années à venir, pour rentabiliser les espaces, vers un développement des énergies renouvelables.

Ainsi, malgré les freins politiques et géographiques, une nouvelle donne énergétique tend à émerger au Japon avec 90% de la production issue du solaire photovoltaïque. Espérons qu’elle se poursuive !