La Socapalm, première société agro-industrielle de production d’huile de palme au Cameroun, comprenant près de 30 000 personnes au total (salariés, planteurs sous-traitants et ouvrier agricoles), n’a pas bonne réputation. La société, au chiffre d’affaire de 72 millions d’euros en 2016, a, en effet, été source de problèmes sociaux et écologiques importants ces dernières années.

Conditions de travail déplorables, logements plus que sommaires des travailleurs, déforestation, accaparement des terres, pollution de l’eau, autant de scandales dont le groupe Belgo-luxembourgeois a dû faire face et veut aujourd’hui se défaire.

Détenue à un peu plus de 50% par Hubert Fabri (homme d’affaire d’origine belge) et à près de 39% par le groupe de Vincent Bolloré (groupe français international de transport, de logistique, et de communication notamment), la Socapalm concentre à son égard de nombreuses critiques.

Au regard de la gestion des plantations tout d’abord, cette activité a entraîné expropriations et déforestation. Historiquement et bien avant sa privatisation en 2000, la société de Palmeraies avait confisqué sans compensation des terres appartenant coutumièrement aux populations locales. En la matière, le groupe Bolloré a d’ailleurs perdu un procès en diffamation qu’il avait engagé à l’encontre d’un média. Ce jugement rendu par le Tribunal de grande de Paris a estimé que les journalistes avaient une base factuelle pour étayer leur propos selon lesquels la Socapalm « participait activement au phénomène d’accaparement de terres en utilisant des méthodes brutales, douteuses, voire illégales » et « exploitait ces terres ainsi accaparées en violation des droits de l’homme ».

Si la déforestation n’est pas le fait de l’actuelle Socapalm, puisqu’elle commence à être régulée par une politique « zero deforestation », la lutte pour la terre est, quant à elle, toujours à l’ordre du jour. Selon Emmanuel Ndong, président de l’association « Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun » (Synaparcam), interviewé par le journal le monde, la société ne respecte par le contrat selon lequel la société doit laisser aux villageois 250 hectares d’espace vital pour les cultures vivrières des populations locales. Plus encore, les plantations des palmeraies s’étalent « jusque dans les ravins et au bord des marécages ».

Toujours dans le domaine environnemental, la Socapalm essuie des critiques en matière de pollution des eaux. En effet, les produits agrochimiques utilisés dans la monoculture ainsi du fait des rejets de son usine polluaient les cours d’eau avoisinants, privant ainsi d’accès à l’eau courante la population locale. De même, les quatre forages installés par la société afin de favoriser le développement des campagnes alentours ne fonctionnent pas.

Les conditions de vie et de travail ont entraîné la multiplication de nombreuses grèves et protestation. Ces revendications dénonçaient notamment les habitations des camp de travailleurs plus que sommaires et les latrines faisant également office de douches. Enfin, si le salaire de base de 38 000 francs CFA par mois (58€) des employé est plus élevé que le minimum légal, tous les travailleurs de la plantation n’y pas le droit. Les coupeurs par exemple sont payés au poids par des sous-traitants. Les femmes qui ramassent les fruits du palmier sont payées 250 francs CFA les 35 kg, équivalent en France à 0,38€.

Il s’agit ainsi pour la Socapalm de s’écarter d’un passif compliqué. Pour cela, la société a pris en engagement environnemental et sociétal fort.

Ce dernier passe par un effort de mise aux normes internationales de toutes ses installations : traitement par lagunage des eaux de rejet, engrais naturel et rénovation de ses villages (électrification, adduction d'eau potable, rénovation des infirmeries et création de nouvelles écoles), utilisation de chaudière à combustion optimale permettant ainsi de limiter les polluants atmosphériques à la source en les maintenant dans les normes en vigueur.

D’autres efforts ont également été pris concernant différents domaines tels que la certification ISO 14001 pour ses plantations et la préservation de la biodiversité au sein des plantations. La Socapalm fait également état des progrès qui ont été réalisés pour la couverture médicale des travailleurs dépendant des sous-traitants.

Si ces mesures montrent une volonté bien réelle de la société d’améliorer son image. Espérons que la mutation vers le développement durable soit effectif et bien réel !