L'association 60 millions de consommateurs a publié jeudi 24 août 2017 les résultats de son enquête concernant la présence de nanoparticules dans une vingtaine de produits alimentaires sucrés, notamment le dioxyde de titane (colorant E171), considéré comme cancérigène par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) d'après une étude de janvier 2017.

Qu'est ce que le dioxyde de titane ?

Le dioxyde de titane E171 est un additif alimentaire utilisé comme colorant dans plusieurs produits, notamment dans les confiseries. Outre l'alimentation, le dioxyde de titane est aussi présent dans les produits cosmétiques et pharmaceutiques, comme les crèmes solaires et les dentifrices. D'après une étude de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de janvier 2017, le dioxyde de titane serait cancérigène et provoquerait une baisse de l'activité du système immunitaire de la paroi des intestins. Cependant, cette étude scientifique ayant été effectuée sur un faible échantillon de rats, l'Union européenne n'en a pas conclu au caractère dangereux de l'élément E171.

Quelle réglementation est prévue quant à son utilisation ?

La définition des normes générales pour les additifs alimentaires est prévue par le Codex Alimentarius. Il s'agit d'un programme commun de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recueillant les directives et recommandations sur l'utilisation des produits agroalimentaires. Le Codex Alimentarius vise à harmoniser les normes alimentaires au niveau international. Il sert de référence en cas de litiges commerciaux portés devant l'OMC. Pour l'instant, la commission du Codex Alimentarius, qui se réunit tous les ans, ne prévoit pas de limite officielle de dosage concernant le dioxyde de titane. Celui-ci est par contre exclu de la filière biologique, aux Etats-Unis comme dans l'Union européenne.

En quoi la présence de dioxyde de titane dans plusieurs marques de confiseries pourrait-elle modifier la réglementation en vigueur ?

Bien que le dioxyde de titane ne soit pas interdit par la réglementation internationale, l'association 60 millions de consommateurs soulève dans son enquête sa présence sous forme de nanoparticules dans plusieurs produits alimentaires. Les nanoparticules peuvent pénétrer plus facilement les parois intestinales des individus et se déverser dans le sang. Les enfants, premiers consommateurs de confiseries, seraient plus vulnérables à ces éléments. Par ailleurs, il n'est fait aucunement mention de ces nanoparticules sur les emballages des produits analysées, contrairement à ce que préconise le règlement européen n°1169/2011 dit INCO. Ce règlement cadre l'étiquetage des denrées alimentaires commercialisées dans l'Union Européenne afin que le consommateur ne soit pas induit en erreur lors de ses achats.


L'enquête réalisée par l'association 60 millions de consommateurs prouve le manque de rigueur de certaines grandes entreprises agroalimentaires dans l'étiquetage de leurs produits. Pire, elle prouve les risques encourus par les consommateurs à cause d'une particule peu connue du grand public. Par conséquent, cette enquête pourrait accélérer la mise en place d'une normalisation plus rigoureuse sur l'utilisation du dioxyde de titane et de nanoparticules dans les produits alimentaires. Le gouvernement français avait d'ailleurs saisi en début d'année l'ANSES qui a jugé la problématique assez sérieuse pour lancer officiellement un appel en avril 2017 pour étudier les effets du dioxyde de titane sur la santé.