Le 13 juillet, l’organisation non gouvernementale Global Witness a publié son rapport annuel, dans lequel il recense le nombre de défenseur de l’environnement assassinés dans le monde. A noter que l’année 2016 est une année record en la matière.

En 2016, près de 200 assassinats commis sur des défenseurs de l’environnement ont été commis dans le monde, précisément dans 24 pays. A titre de comparaison, 116 et 185 défenseurs de l’environnement ont été assassinés respectivement en 2014 et 2015. On se situe dans une logique d’augmentation des victimes de la cause environnementale, soit 10% d’assassinats de plus qu’en 2015. Outre le record morbide de l’année 2016, une autre donnée macabre révèle l’ampleur du phénomène. Depuis 2002, date du premier rapport rendu par l’ONG Global Witness sur la question, près de 1376 militants ont été tués.
Il parait évident que le nombre de mort recensés par l’ONG soit sous-estimé, tant la visibilité de ces actes dans des pays isolées ou en développement est réduite.

En regardant de plus près, on remarque que les trois pays les plus touchés par les crimes contre les défenseurs de l’environnement sont le Brésil, la Colombie et les Philippes avec en 2016 respectivement 49, 37 et 28 morts. En 2015, ces trois pays étaient déjà sur le podium.

Plus généralement, environ 60% des crimes commis contre les défenseurs de l’environnement étaient en Amérique latine. Cela s’explique selon le rapport par le fait que les populations indigènes défendeur leur culture, mode de vie et habitat contre certains intérêts économiques surpuissants. Au Brésil, l’Amazonie est le lieu où se cristallise cet affrontement avec par exemple des groupes d’exploitants qui viennent s’installer et chasser les communautés autochtones. En Colombie, le nombre de morts pourrait s’expliquer par l’accord de paix signé entre le gouvernement colombien et les FARC, permettant aux entreprises d’extractions minières d’agir sur les territoires des communautés indigènes, qui eux revendiquent leur territoire et leur habitat.

Identifiés comme causes de ces meurtres selon le rapport, la contestation de sites miniers ou pétroliers (33 morts), l’exploitation forestière ou encore l’extension de l’agriculture industrielle.

Pour expliquer cette hausse de décès des défenseurs de l’environnement, plusieurs facteurs peuvent être intégrés. Tout d’abord, une forme d’impunité des assassins est visible. Ces derniers, qui sont des tueurs à gages, des agents de sécurité d’entreprise privé, ou encore braconniers agissent sans réelle contrainte juridique, sécuritaire etc… Mais outre l’assassinat, d’autres méthodes sont également utilisées pour mettre au silence les environnementalistes comme les arrestations, les enlèvements, les abus policiers etc…

Parmi les victimes, figurent de grands défenseurs de la cause environnementale. Berta Càceres, une militante écologiste hondurienne, connue pour son action en faveur de la défense du fleuve Gualcarque, a été assassinée à son domicile le 3 mars 2016, ou encore Joselito “Anoy” Pasaporte, qui s’opposait au développement de projets miniers dans le sud de Nindanao, une île du sud des Philippines, a été assassiné le 13 octobre 2016. On peut également citer Fidèle Mulonga Mulegalega et Venant Mumbere Muvesevese, des rangers du parc national des Virunga en République démocratique du Congo (RDC), assassinés en mars 2016.

Dans son rapport, Global Witness recommande ci aux gouvernements et à la communauté internationale de protéger l’environnement, protéger les défenseurs de l’environnement, enquêter sur les crimes commis, juger les coupables et dévoiler les intérêts corporatistes et politiques liés aux persécutions, garantir la liberté d’expression et responsabiliser les auteurs des méfaits, résoudre les causes sous-jacentes de la violence contre les défenseurs et reconnaître les droits sur la terre.

Toutefois, malgré ces recommandations, la réalité reprend le dessus. En eftet, depuis le début de l’année 2017, on dénombre déjà 98 morts.