Le 22 mai 2017 la Cour d’appel de Nancy a confirmé la décision rendue en première instance par le tribunal de grande instance de Bar-le- Duc selon laquelle l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) n’a pas le droit de mener des travaux de défrichement dans le bois Lejuc (Meuse).

Cette décision sonne comme une victoire pour les opposants au projet de stockage souterrain de déchets nucléaires à Bure. Le Réseau sortir du nucléaire explique que l’Andra « n’a toujours aucune autorisation légale ni légitime pour reprendre ses travaux sur le terrain boisé où elle espère installer les puits d’accès à son centre de stockage souterrain ».

Dans le collimateur des associations locales se projet appelé « Cigéo » vise à stocker 10 000m3 de déchet à Haute Activité et de Vie Longue (HA-VL) ainsi que 60 000 m3 de déchet de Moyenne Activité et de Vie Longue (MA-VL) dont une grande majorité de ces déchets existent déjà et son stocké en surface à la Hague ou à Marcoule. Il s’agit des déchets nucléaires les plus radioactifs du parc français.

Ce site de Bure n’a pas été choisit par hasard il s’agit d’un site où la roche argileuse possède de grandes qualités pour stocker les déchets de haute activité. De plus la circulation lente de l’eau et ses propriétés chimiques favorise la rétention des radioélements. Les déchets produits par l’usine de la Hague ne représentent que 0,2% du volume total des déchets mais plus de 98% de la radioactivité du parc. S’ajoute à cela des durées de radioactivité extrêmement longue de ces radioéléments : le césium 137 à une durée de radioactivité de 30 ans, l’américium 241 à une durée de radioactivité de 432 ans ; le plutonium 239 a une durée de radioactivité de 24 000 ans ou encore le neptunium 237 qui a une durée de radioactivité supérieure à 2 millions d’années.

Le problème qui se pose pour l’Andra est que dix mois après le début des travaux l’agence n’a toujours pas obtenue l’autorisation de défrichement des autorités préfectorales. Cette dernière a confirmé dans un communiqué adressée à l’Agence France Presse qu’elle avait « entamé la procédure de régularisation du défrichement en procédant à des replantations sur une partie des zones déboisées et en sollicitant une autorisation de défrichement a postériori auprès des services de l’Etat. Cette procédure est sur le point d’aboutir, la consultation publique étant terminée. »

En plus de ne pas avoir obtenu d’autorisation préfectorale pour le défrichement les associations et les opposants dénoncent une remise en état indigne de ce nom. Selon ces dernières l’agence se serait contentée de planter quelques arbustes au nord du bois Lejuc.

Satisfait par cette décision de justice les opposants continue leur lutte judiciaire par un recours devant le tribunal administratif contre la cession du bois Lejuc à l’Agence par la municipalité de Mandres-en-Barrois, le village voisin de Bure sur lequel le terrain est situé. En février 2017 les opposants avaient déjà obtenu une première fois l’invalidation de la délibération municipale ayant cédé ce terrain à l’agence. Mais le conseil municipal de Mandres-en-Barrois a adopté en mai dernier une nouvelle décision de cession du bois. Cette fois ci les opposants veulent contester la décision et compte obtenir gain de cause dans la mesure ou certains membres du conseil municipal ayant voté la cession sont liés à l’Andra directement ou par leur famille ce qui constitue un conflit d’intérêt.

A côté de cette bataille juridique se dessine une véritable « guérilla sur le terrain ». De nombreuses scènes de violence ont eu lieu entre les opposants au projet et les gendarmes.

Entre tentative d’intimidation et dégradation des installations il apparaît difficile d’imaginer que le futur chantier pourrait être conduit dans la sérénité et la sécurité requise dans les délais prévus.