Jeudi 8 juin 2017 le tribunal administratif de Marseille a annulé l'autorisation d'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne (Bouches-duRhône). L'Etat avait accordé l'autorisation d'exploitation de la plus grande centrale biomasse de France en 2012.
Les juges estiment que l'étude d'impact est insuffisante au regard de l'ampleur du projet.
Cette étude ne prend pas suffisamment en compte « les effets négatifs indirects et permanents du projet sur les espaces forestiers de la zones d'approvisionnement ».

La biomasse est définie par la directive du 23 avril 2009. Il s'agit de la fraction biodégradable des produits, des déchets et des résidus d'origine biologique provenant de l'agriculture (y compris les substances végétales et animales), de la sylviculture des industries connexes, y compris la pêche et l'aquaculture, ainsi que la fraction biodégradable des déchets industriels et ménagers.
La biomasse possède un double avantage, elle fournit une énergie qui est renouvelable et elle permet de réduire l'impact sur l'environnement des activités humaines en procédant à la valorisation de ses déchets biodégradables.

La centrale de Gardanne, détenue par Uniper France Power, est une ancienne centrale à charbon dont l'unité 4 devait être reconvertie à la biomasse. A terme, la centrale devait représenter 6% de la production d'électricité de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur).
Pour arriver à cela, elle devait brûler 850 000 tonnes de bois par an dont la moitié est constituée de bois forestier local.
Les juges prévoient que pour l'alimenter il faudrait prélever 37% du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres. De ce fait, une étude d'impact beaucoup plus approfondie était nécessaire, ainsi qu'une meilleur information de la population concernée.

Cependant, l'enjeu est très important pour l'énergéticien qui avait obtenu une autorisation d'exploiter en novembre 2012. En effet, afin de reconvertir l'unité 4 à la biomasse, un investissement de 256 millions d'euros avait été nécessaire. De plus, Uniper y emploie 180 salariés, et 80 d'entre eux pour la seule unité de biomasse, sans activité depuis plusieurs années.
En outre, l'Etat a toujours soutenu ce projet afin de pouvoir respecter sa politique de transition énergétique dont l'objectif était d’atteindre une part 23% d'énergies renouvelables d'ici à 2020.

Cette décision, du tribunal administratif de Marseille, est toutefois approuvée par les associations de protection de l'environnement. France Nature Environnement affirme, par exemple, que « c'est une décision logique, car il y avait à la fois un défaut de consultation du public et une insuffisance de l'analyse de l'impact de l'approvisionnement en bois de la centrale sur la ressource de la région ».

Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, sera en charge de ce dossier. Si une nouvelle étude d'impact adaptée est réalisée avec une bonne information du public un nouvel arrêté d'exploitation pourrait être accordé.