Afin de faire face à la montée des eaux qui menace son existence, la Polynésie française s’est montrée intéressée par l’installation d’îles artificielles par l’association américaine Seasteading institute.

Un projet inédit
La 13 janvier 2017, les représentants de la Polynésie française ont autorisé, à travers un protocole d’accord, Seasteading institue à réaliser des études d’impact environnementales et économiques dont les résultats ont été présentés début mai. L’entreprise a ainsi proposé de mener un projet pilote, le développement de plateformes flottantes et modulables de la taille d’un terrain de football pour environ 50 milliards d’euros. L’île artificielle devra garantir « zéro émission » afin d’être énergétiquement indépendante, être bâtie avec le consentement de la population et respecter le droit polynésien.

Un programme qui répond à des urgences économiques et environnementales
La construction d’îles artificielles constitue une urgence pour la Polynésie française. D’une part, menacée par la montée des eaux, la Polynésie entrevoit, avec ce projet, un moyen d’étendre sa zone territoriale habitable. D’autre part, ce projet procure des opportunités économiques non négligeables pour ce territoire : recherche et développement dans l’exploitation des ressources de la mer, émergence d’activités énergétiques propres, avant-poste scientifique des technologies high-tech…
L’accord prévoit que ces territoires deviennent des « zones économiques spéciales » (ZES), c’est-à-dire des zones franches où les lois et la fiscalité seraient plus avantageuses qu’en métropole, notamment pour les entreprises. Bien que ces ZES, expérimentées dans de nombreux pays émergents (par exemple à Shenzhen en Chine) ne soient pas reconnues en France, leur création est autorisée par les prérogatives constitutionnelles réservées à la Polynésie française qui pilote la totalité de ce projet sans autorisation préalable de la France.

Une réglementation récemment modifiée en France
Ce programme d’îles artificielles en Polynésie rentre en résonance avec une évolution juridique s’appliquant au parc national français : le décret n° 2017-781 du 5 mai 2017 modifie le décret n° 2013-611 du 10 juillet 2013 relatif à la réglementation applicable aux îles artificielles, aux installations, aux ouvrages et à leurs installations connexes sur le plateau continental et dans la zone économique et la zone de protection écologique ainsi qu'au tracé des câbles et pipelines sous-marins.
Ce décret apporte notamment des précisions sur la procédure applicable aux demandes d'autorisation pour la mise en place et l'utilisation d'îles artificielles, d'installations, d'ouvrages et de leurs installations connexes sur le plateau continental.
Il inclut ainsi de nouveaux processus d’autorisation plus stricte pour les installations d’îles artificielles impactant considérablement l’environnement (la consultation préalable d’un conseil scientifique et la diffusion d’information auprès public sont dorénavant facilitées).