Le Gabon envisage de créer une filière de biocarburant issue de la biomasse grâce à la matière végétale afin de faire face aux effets catastrophiques de la chute du prix du baril de pétrole. Ce choix est capital pour ce pays africain qui souhaite développer de nouvelles sources de création de richesses internationales afin de diversifier son économie. Cette politique « d’après-pétrole » a été adoptée par de nombreuses sociétés gabonaises, tel est le cas de Siat Gabon qui s’est tournée vers l’utilisation des énergies alternatives, et s’engage désormais à alimenter les usines à l’énergie issue de la biomasse (matière végétale, animale, et de déchets).
A Lambaréné, une entreprise agro-industrielle fournira de l’électricité à la société d’énergie et d’eau du Gabon grâce à la stéarine, un acide gras d'huile de palme raffinée.

Pour ces sociétés, une véritable révolution énergétique est en train de se mettre en place. Cette tendance est générale dans les pays africains qui relancent leur production d’huile de palme. Un prêt de 6.6 millions de dollars par la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale est annoncé pour soutenir le financement d’un grand projet d’implantation d’un complexe agro-industriel de palmier à huile en République centrafricaine.

Or cette tendance nouvelle dans les pays africains est aujourd’hui remise en cause par l'Union Européenne.
En effet, la Commission Européenne a proposé de réduire la part des biocarburants agricoles d’ici 2030. En 2016, la Commission Européenne avait opéré un revirement de sa politique européenne sur les biocarburants de première génération en proposant une réduction de leur incorporation dans les transports entre 2021 et 2030.
La Commission Européenne entendait ainsi réviser la directive sur l’énergie renouvelable.

Cette politique de révision a été réaffirmée par le Parlement Européen le 4 avril 2017. Ce dernier a voté une résolution non contraignante qui vise à limiter le recours à l’huile de palme sur le marché Européen en instaurant une certification unique d’autorisation. En effet près de la moitié de l’huile de palme consommée en Europe se trouve dans les réservoirs. Les députés européens ont qualifié la déforestation causée par la production de l’huile de palme comme étant la déforestation la plus rapide de l’histoire de l’humanité. Greenpeace qualifie cette production de masse comme "une catastrophe écologique".
Forte de son succès, l’huile de palme est un ingrédient incontournable dans la composition de nombreux produits alimentaires et cosmétiques.
L'huile de palme est une huile végétale extraite de la pulpe du palmier à huile qui est cultivé dans les régions tropicales humides.
Aujourd'hui, l'Indonésie et la Malaisie totalisent 85% de la production mondiale.

Pour les producteurs, l'huile de palme a de nombreux avantages. Premièrement elle est nettement moins chère à cultiver que les autres huiles végétales en raison de la quantité minime de surface nécessaire à sa culture.
Pour les industriels de l'agroalimentaire l'huile de palme combine de nombreux avantages en raison de sa résistance à la chaleur et à l'oxydation.

Or face au constat des dégâts environnementaux, le Parlement Européen a voté une résolution non contraignante qui vise à limiter le recours à l’huile de palme sur le marché Européen en instaurant une certification unique d’autorisation sur le marché.

En proposant une telle mesure, le Parlement Européen veut freiner l’importation de l’huile de palme sur le marché européen qui est le deuxième importateur mondial et affirme sa volonté de promouvoir une production durable de l’huile de palme.
Auparavant les députés européens avaient demandé à la Commission de renoncer à la promotion de l’huile de palme comme biocarburant car la production de cette dernière nuit à la préservation des écosystèmes tropicaux.
Cette certification unique s’imposerait à toutes les importations d’huile de palme dès 2020. Ainsi une seule huile de palme serait certifiée durable et aura l’autorisation d’entrer sur le marché de l’Union Européenne.
Cette certification s’obtiendrait à condition que les producteurs s'alignent aux pratiques respectueuses et écoresponsables évoquées dans le rapport. Cette certification remplacerait les certifications volontaires RSPO, ISPO, et MSPO.

Ce dispositif de certification permettrait par la suite d’assurer une meilleure traçabilité plus efficace pour contrer l’arrivée des huiles illégales qui ne respecteraient pas les bonnes pratiques environnementales.
Les consommateurs seraient mieux informés sur l'origine et le procédé de fabrication grâce à un étiquetage.
Toutefois, il convient de rappeler que depuis 2010, plusieurs entreprises ont pris l’engagement de ne pas utiliser une huile de palme qui serait à l’origine de déforestations. Ces engagements ont été pris suite aux demandes grandissantes des consommateurs et leur sensibilité à la cause environnementale.

Or les députés européens ont démontré que la majorité des entreprises qui font du commerce d’huile de palme sont dans l’incapacité de démontrer avec certitude que leur chaîne de production n’a aucun lien avec la déforestation.

Néanmoins la demande reste grandissante, une récente étude a montré que la hausse de la demande mondiale incite les agriculteurs à multiplier la surface cultivable en Afrique. Ce phénomène est facilité par la législation qui est moins restrictive pour les exploitants. Résultat, le continent africain perd environ quatre millions d’hectares de forêts, alors que les écosystèmes tropicaux représentent aujourd’hui seulement 7% de la surface de la terre, entraînant la mise en danger des espaces animales, comme le rhinocéros, les tigres et les orangs-outans.

Les associations ont soulevé les nombreux problèmes résultant de la déforestation tel que les conflits humains à cause des déplacements forcés des populations locales.

D'après Amnesty International, la production de l'huile de palme conduit à des pratiques illicites qui méprisent les droits des travailleurs.
En effet plusieurs cas de travaux forcés, de salaires déplorables, et de déscolarisation ont été listés par l’organisation. Les femmes et les enfants sont les premières victimes des travaux. Travaillant sans équipements de protection, les enfants sont exposés aux pesticides et aux produits toxiques.


Pourtant la réaction a été immédiate du côté des pays producteurs, lors du 10ème sommet du Triangle de développement "Indonésie-Thaïlande-Malaisie" à Manille, la ministre indonésienne des affaires étrangères RETNO MARSUDI a annoncé que cette mesure adoptée par le Parlement Européen affecterait la consommation de ce produit. Le président indonésien a estimé que les pays producteurs de l’huile de palme doivent s’unir afin de lutter contre la campagne de lutte contre la consommation de l’huile de palme menée par l’Union européenne.