Le 9 avril 2017, le décret qui confirme l'abrogation de l'autorisation par EDF d'exploiter la centrale nucléaire de Feissenheim (Haut-Rhin) est publié au journal officiel.

Le contenu du décret s'appuie sur le conseil d'administration d'EDF réuni le 6 avril 2017 qui énonce que la demande d'abrogation d'exploitation est conditionnée à la la mise en service de l'EPR (Réacteur Pressurisé Européen) de Flamanville 3 (Manche) avant le 11 avril 2020.
Cette condition permet à EDF de gagner du temps dans le dossier, ce qui est vivement décrié par les associations écologistes. En effet, Greenpeace dénonce « l'enfumage d'EDF qui retarde encore la fermeture ».
Les associations soulignent, de plus, que la promesse de François Hollande de fermer Fessenheim avant la fin de son mandat n'a pas été tenu, malgré un décret pris à deux semaines du premier tour des élections présidentielles.

En outre, un problème juridique se pose. En effet, ce n'est pas au gouvernement de prononcer la fermeture de la plus ancienne centrale de France, mais c'est à EDF de la demander. Et il ne le fera que six mois avant le démarrage de Flamanville, c'est à dire, à horizon de 2 à 4 ans.

Ainsi, les syndicats et le maire UDI de Fessenheim Claude Brender contestent le fondement juridique du décret. La CFE-CGC dénonce un « déni de gouvernance » de la part de la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, Ségolène Royal.
Selon la CFE-CGC, le décret a été pris au mépris des salariés et du conseil d'administration d'EDF du 6 avril dernier. De ce fait, la CFE-CGC compte bien saisir le Conseil d'Etat « pour faire annuler ce décret pour excès de pouvoir ».
Le Président de la région Grand Est , Philippe Richert (LR) n'est pas en reste, il s'oppose lui aussi à cette fermeture : « Le dépôt de ce décret est une aberration que je ne peux que contester »
a t-il déclaré à l'AFP .
De plus, les syndicats d'EDF s'inquiètent pour les 2 000 emplois directs et indirects et promettent des recours devant le Conseil d'Etat.

Cependant, Ségolène Royal affirme que « cette fermeture n'entraîne aucune suppression d'emplois par EDF car un vaste chantier industriel de démantèlement va pouvoir démarrer ».
Et afin de de concilier emplois et protection de l'environnement la ministre encourage EDF à « poursuivre et renforcer les investissements dans les énergies renouvelables : solaire, éolien, géothermie, énergies marines, hydroélectricité pour réduire à 50 % la part du nucléaire, comme la loi l'impose ».

Le débat autour de la fermeture de Fessenheim s'est invité dans la campagne présidentielle.
Le décret du 9 avril dernier suscite des prises de position de la part des candidats.
« C'est une décision responsable, je la confirmerai si je suis élu » affirme Emmanuel Macron, le candidat d'En Marche!.
Quand à Marine Le Pen, candidate du Front national, elle promet d'annuler ce décret, relevant, selon elle, d'une « décision idéologique » et « prise sous la pression des Verts ».
Le débat reste ouvert, et les électeurs ont leur mot à dire.