A plusieurs reprises, L'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a été sollicitée afin de réaliser des travaux d’expertise scientifique concernant les infrasons émis par les éoliennes. Une première fois saisie en 2006 par les Ministères de la santé et de l’environnement pour effectuer une analyse critique en réponse au rapport publié par l’Académie nationale de médecine, cette dernière considérant que du fait de leurs nuisances sonores, l’implantation des éoliennes devait ce faire à une distance minimale de 1.500 mètres des habitants concernant les machines produisant une quantité d’énergie supérieur à 2.5 Mégawatts. L’expertise de l’Anses avait ici débouché sur la nécessité d’une étude au cas par cas des distances d’implantation des éoliennes à l’aide de modalisation acoustique prenant en compte les configurations spécifiques de la localité.

L’Agence à été une seconde fois sollicité par les mêmes Ministères à la suite de nombreuses plaintes de riverains de parcs éoliens. La question était ici plus précise puisqu’il lui était demandé d’évaluer les potentiels effets sanitaires des infrasons ainsi que des sons basses fréquences émis par les éoliennes.

C’est ainsi qu’a été publié un rapport de l’Anses en mars 2017. Répondant à la saisine des différents Ministères, l’Agence y expose un état des lieux ainsi que des perspectives de développement éolien. Elle y dresse aussi un état comparatif des différentes réglementations du secteur au niveau mondial. Il en découle une absence évidente de norme harmonisé notamment au sein de l’Union européenne en matière de bruit éolien.

Pour évaluer le bruit généré par les éoliennes, l’Agence s’est servis de campagne de mesures et de modélisations. Ces campagnes de mesures ont été menées sur trois parcs éoliens afin d’analyser leurs émissions d’infrasons et de basses fréquences sonores.

Il faut dans un premier temps rappeler que les infrasons ne sont pas audibles à l’oreille humaine (sauf cas de niveau très élevé). L’Agence va considérer à la suite de ses études que la distance réglementaire minimale d’éloignement des habitants (soit 500 mètres) par rapport à un parc éolien ne permet pas aux infrasons produits par les éoliennes de dépasser le seuil à partir duquel elles deviendraient audibles à l’oreille humaine.

Concernant les potentiels effets sur la santé du son émis par les éoliennes, l’Anses soulève « une gêne liée au bruit audible et un effet nocebo ». Ici, contrairement à son homologue plus connu « placebo », l’effet nocebo engendre quant à lui des effets et ressentis négatifs du seul fait que le riverain pense être exposé à des infrasons. Dès lors, cet effet nocebo pourrait expliquer un état de stress, duquel découlerait un certain nombre de symptôme.

L’Agence conclu donc qu’à ce jour, « l’examen des données expérimentales et épidémiologiques disponibles ne met pas en évidence d’arguments scientifiques suffisants en faveur de l’existence d’effets sanitaires pour les riverains spécifiquement liés à leur exposition à la part non audible des émissions sonores des éoliennes (infrasons notamment). »
En ce sens, elle considère donc que « l’état des connaissances disponibles ne justifie pas d’étendre le périmètre des études d’impact sanitaire du bruit éolien à d’autres problématiques que celles liées à l’audibilité du bruit, pour lesquelles les effets sont avérés, complexes et documentés par ailleurs ».

Le rapport fait toutefois mention de certaines recommandations, parmi lesquelles :

- La vérification de l’existence d’un « mécanisme de modulation et de perception du son audible par des infrasons de niveaux comparables à ceux mesurés chez les riverains » d’éoliennes.

- Effectuer une étude sur des riverains de parcs éoliens dans le but d’identifier d’éventuels effets physiologiques.

- Effectuer un renforcement de la circulation des informations en la matière destiné aux riverains, et notamment lors d’une mise en place d’un projet de construction de parc.

- La systématisation des contrôles au cas par cas concernant les émissions sonores d’éoliennes.