
Les impacts environnementaux des médicaments : Le modèle suédois
Par Agathe Ménard
Ingénieur HSE
Posté le: 23/12/2016 16:26
A l’aube des années 2000, La Suède a mis en place une classification des médicaments. Cette classification a été réalisée à la suite d’un audit environnemental sur l’impact de son système de santé. Cet audit a révélé la présence de médicaments dans les eaux et organismes aquatiques. La Suède a donc décidé de mettre en place des outils, pour limiter cette pollution, vis-à -vis de l’industrie pharmaceutique.
Durant les années 2003-2005, Stockholm a créé cette classification au travers d’un indicateur appelé « indice suédois », ou plus exactement « indice PBT » (Persistent Bioaccumulative and Toxic). Cet indice permet de déterminer la toxicologie des médicaments. Cela consiste à attribuer à chaque médicament un score entre 1 et 9, selon le taux de rejet dans les urines des molécules qui les composent. Un médicament qui a obtenu le score de 9 est considéré comme particulièrement dangereux pour l’environnement. Autrement, dit, il s’agit d’étudier la toxicité des molécules composant les médicaments après leurs passages dans le corps. L’objectif de cet indice PBT est d’éduquer les professionnels et la population. Il s’agit de leur apprendre un usage que l’on peut qualifier de « correcte » des médicaments.
C’est un système à but préventif qui se compose en trois parties. La première partie est celle de l’information sur la toxicité des molécules par le biais de cet indice suédois. La deuxième partie est l’évaluation des risques pour la santé. Même si cet indice a d’abord été créé dans un but de protection de l’environnement, il n’oublie pas de protéger l’homme qui doit être sensibiliser sur ces questions. Enfin, la troisième partie est celle du recyclage des médicaments. Puisqu’il s’agit de protéger l’environnement, il est important de prendre en compte, outre la fabrication des médicaments, la destruction des médicaments. Ainsi, Stockholm essaie de favoriser les molécules alliant bon rapport bénéfice/risque et un indice PBT faible afin d’associer santé humaine et protection de l’environnement.
Avec ce système de classification des effets environnementaux des produits pharmaceutiques, la Suède a réussie à faire travailler en collaboration les structures de santé et les sociétés pharmaceutiques, pourtant récalcitrantes au départ. Cette classification se base sur une estimation des risques et des dangers permettant d’informer les prescripteurs (médecins, pharmaciens), les comités pharmacologiques qui formulent des recommandations sur les médicaments à utiliser selon trois critères : l’efficacité, le coût et l’impact environnemental. Mais cela permet aussi d’informer les patients et les autorités de gestion de l’eau. Pourtant, c’est seulement en 2010 que cette classification a été généralisée à l’ensemble du marché suédois, et d’après le professeur et ancien directeur environnemental pour Stockholm, Ake Wennmalm cette classification a eu un impact très faible à l’heure actuelle. De plus, la Suède envisage différents outils afin d’améliorer cet impact et notamment l’organisation du retour des médicaments non utilisés dans les pharmacies, la réduction du volume des médicaments utilisé. Mais l’idéal serait d’aller vers une réglementation à l’échelle internationale. On notera notamment qu’il n’y a pas de réglementation en France.