La prise de risque est inhérente à toute société. Il n'existe pas de croissance, ni de création de valeur dans une société, sans prise de risque. S'ils ne sont pas correctement gérés et maîtrisés, ces derniers peuvent affecter la capacité de la société à atteindre ses objectifs. En continuant à prévenir et à gérer les risques, les dispositifs de gestion de risques et de contrôle interne jouent un rôle clé dans la conduite et le pilotage des différentes activités. Le système de management de la qualité a pour but d'améliorer la qualité des produits ou services offerts et l'organisation de l'entreprise. Il impose des exigences servant à prévenir les dysfonctionnements. De ce fait, il sert également d'outil de prévention. Au sein de la norme ISO 9001 : 2008, cette partie figurait dans un chapitre 7 intitulé « Actions préventives ». Désormais, ce concept est intégré dans le système de management au travers d'une approche par les risques et opportunité présente à toutes les étapes de la mise en place du SMQ. Ainsi, cette approche se trouve dans tous les chapitres de la nouvelle norme. C'est ainsi que ce développement permettra de d'éclaircir cette notion (I) afin de voir comment elle peut s'appliquer aux entreprises de travail temporaire (II).

I – La définition et le traitement des risques et opportunités
Introduite implicitement dans l'ISO 9001 : 2008, l'approche par les risques est reconnue de manière large dans la nouvelle édition. Un risque est l’effet de l’incertitude sur un résultat escompté selon l’ISO 9000 :2015. Cela implique pour l'entreprise d'identifier les risques et opportunités, de les analyser, puis de définir des plans d'actions en vue de maîtriser les risques et de favoriser les opportunités. Présentée comme une source d'amélioration, cette approche sera à analyser par rapport aux processus de l'entreprise, ses activités, au contexte interne et externe, la satisfaction client et la conformité des produits et services.
Cette approche a permis de réduire des exigences prescriptives afin de les remplacer par des exigences basées sur la performance. Cette approche ne veut pas dire que l'entreprise doit instaurer un système de management des risques. Néanmois, au choix de l’entreprise, notamment pour les plus importantes, il est possible d’instaurer un système de management des risques sur la base de l’ISO 31000.
Une opportunité est un élément extérieur apportant une source d'amélioration ou d'élargissement de la qualité des produits et services. Par un concours de circonstances, elle rend possible une certaine action.
Sur le plan méthodique, les risques et opportunités se gèrent de la même façon d'où leur association. Ils peuvent survenir tant au niveau stratégique que managérial ou opérationnel. De plus, ils sont de toute nature (économique, environnemental, législatif, etc) et de toute intensité. Ils peuvent autant concerner les processus, que l'activité ou encore les salariés. A titre d’exemple, désormais, les risques psychosociaux devront être compris. De même, le contexte interne et externe sera analysé au regard des risques. La tâche revient à l'entreprise de maîtriser les risques qu'elle estime nécessaire, logiquement ceux qui impactent qui entraînent les conséquences les plus importante ou ralentissent l’activité de manière significative. L’entreprise peut adopter divers comportements face à un risque. C'est ainsi, qu'elle peut faire le choix de courir ce risque si elle estime que c'est nécessaire ou qu'il n'est pas assez grave. De plus, identifier et attribuer des actions à chaque risque peut se révéler au final négatif pour l'entreprise qui développe un comportement de méfiance disproportionné.
Aucune méthode n'est définie par la norme afin d'identifier ces risques. Elle laisse libre court aux entreprises de parvenir à cette exigence grâce à plusieurs outils existants. Par ailleurs, les risques psychosociaux ne sont pas à négliger. Figurant au sein du document unique, ils ont un impact en sur l'entreprise car ils ralentissent l'activité et baisse sa productivité. Les causes de ces troubles sont multiples et les conséquences sont décelés souvent tard, c’est pourquoi, une démarche de prévention peut être mise en place afin de les éviter ou du moins de les détecter au plus tôt.
Les actions mises en œuvre par rapport au risques et opportunités doivent être proportionnelles à l'impact sur la qualité des produits et des services.
Ainsi, l'approche par les risques permet de développer un état d''esprit préventif en vue d'éviter le retour au curatif.

II - La traduction de cette approche pour les entreprises de travail temporaire
Il existe autant de risques liés à l'activité de mise à disposition d'intérimaires que d'enjeux. Chaque entreprise de travail temporaire ou agence d'emploi privées gère les risques de la manière dont elle le souhaite. L'objectif n'est pas de recenser absolument tous les risques mais ceux pouvant avoir un impact significatif sur l'activité. En vue de faciliter leur recensement, il est possible de les classer selon leur degré de gravité. Ces risques sont évalués non seulement au regard du système de management qualité, mais également par rapport au contexte de l'entreprise, à son activité, au service offert, aux prestataires externes, aux processus, etc. A cet égard, les exigences de l'ISO 9001: 2015 porte sur l'identification, l'évaluation, le traitement des risques et la surveillance des actions.
Les agences d'emploi privées sont particulièrement exposées aux risques juridiques, d’autant plus que, plusieurs acteurs et contrats sont impliqués. Le risque majeur porte sur la requalification du contrat de travail intérimaire en contrat de travail à durée indéterminée qui peut se produire dans les cas suivants :
Absence d'écrit ;
Défaut de signature du salarié ;
Non-respect du délai de carence ;
Absence de la mention relative à la qualification du salarié ;
Absence de la mention relative à l'indemnité de fin de mission.
Le délit de prêt de main-d’œuvre illicite ou de marchandage est un autre risque : l'intérimaire est présent de façon constante au sein du client pour y effectuer des tâches relevant de l'activité habituelle de l'entreprise utilisatrice et l'entreprise de travail temporaire agit en connaissance de cause. Une condamnation pénale est encourue, accompagnée d'une amende. A titre d’ex, il a été jugé que lorsque le savoir-faire du personnel mis à disposition n’est pas distinct de celui de l’entreprise utilisatrice, le prêt de main d’œuvre est illicite.
Enfin, en cas de non-respect de l'obligation de sécurité, la responsabilité conjointe de l'entreprise utilisatrice et de travail temporaire peut être recherchée.
Afin d'éviter voir de limiter ces risques, une véritable communication doit être instaurée entre le client et l'entreprise de travail temporaire. En général, l'entreprise utilisatrice laisse la gestion des intérimaires aux mains de l'agence d'emplois privé. Or, elle est autant impliquée que l'agence puisque les deux partagent la responsabilité.
De ce point de vue, l'approche par les risques va au-delà de la prise en compte des processus. L'annexe A précise de la norme que cela peut être l’occasion pour les entreprises d’opter pour un management des risques à part entière. C’est ainsi que la notion de risque est entendue au sens large et les mesures préventives sont considérées comme dépassant le simple cadre de la prévention de la répétition d'un accident.