Le parlement hollandais a voté à 55% pour l’arrêt des émissions de CO2 d’ici à 2030, objectif qui ne sera atteint que si les centrales à charbon du pays soient fermées. Le résultat du vote, 77 voix pour et 72 contre, était inattendu car il met sans équivoque les Pays-Bas dans les objectifs de la COP21. Le pays serait ainsi le pionnier à prendre des mesures concrètes pour atteindre les engagements qu’il s’est fixé en 2015, surtout en Europe.

Pourtant, ce vote ne lie pas juridiquement le gouvernement. Le parti « Liberal and Labour » a déclaré qu’ils allaient tout mettre en œuvre pour que la motion soit rapidement implémentée.

En 2015 déjà, 5 centrales à charbon ont été fermées mais le pays en possède toujours 5 en service. Trois d’entre elles ont vu le jour en 2015 et sont accusées d’avoir augmenté de 5% les émissions de gaz à effet de serre des Pays-Bas.

Stientje van Veldhoven, libéral et vice-président du parlement, a indiqué au journal « The Guardian » que « La fermeture des centrales à charbon, quand bien même elles ont été ouvertes récemment, est de loin le moyen le plus efficace pour atteindre les objectifs fixés par la Cop21 de Paris. Tous les pays devraient prendre de telles mesures aussi ambitieuses, nous ne pouvons pas continuer à utiliser du charbon car c’est la source d’énergie la moins couteuse à court terme. D’une perspective climatique, le charbon risque de nous couter très cher ».

En 2015, une décision du tribunal hollandais avait fait grand bruit car elle avait ordonné au Premier Ministre Mark Rutte’s de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’un quart à horizon 2020, en citant la gravité des menaces liées au réchauffement climatique que les Pays-Bas ont reconnu dans les traités internationaux.
Dennis van Berkel, un conseiller juridique de l’association Urgenda ayant initié l’action en justice devant le tribunal des Pays-Bas, a décrit le vote comme étant « un énorme bond en avant pour la politique climatique des Pays-Bas ». Le vote du parlement appelle également à une réduction des émissions d’ici à 2020.

Ce vote représente « la volonté politique claire du parlement ». C’est une motion et non une loi, donc le gouvernent possède une marge de manœuvre et le fait d’avoir un si grand nombre de parlementaire favorable à la fin de l’industrie du charbon ne peut qu’aider à ce que cette motion soit prise en compte de manière sérieuse par le gouvernement.

Ce vote fait suite à un rapport récent du cabinet-conseil CE Delft, lequel conclue que la manière la moins couteuse, pour les Pays-Bas, d’atteindre ses engagements climatiques serait de fermer 1 ou 2 nouvelles centrales à charbon. Le rapport, commissionné par Eneco, une compagnie hollandaise d’énergie verte, a estimé que cela couterait environ 30€ par foyer et par an, mais leur ferait économiser 80€ sur leur facture énergétique.

Alors que le vote anti charbon du parlement du 22 septembre ne lie pas juridiquement le gouvernement, van Veldhoven a déclaré être optimiste à ce que des actions soient rapidement menées pour obtenir une décision du gouvernement à ce sujet, avant les élections de l’année prochaine.

Le ministre de l’économie hollandais a, de son côté, chiffré la facture dans l’hypothèse de la fermeture de toutes les centrales à charbon du pays d’ici à 2020. Celle-ci s’élèverait à 7 milliards d’euros. Alors que cela aurait un petit impact sur la sécurité énergétique et que les émissions des Pays-Bas baisseraient de 31%, les émissions de CO2 ne baisseraient que de 9% à cause de l’augmentation de l’importation d’électricité produite avec du charbon.