Alors que les pays se rencontrent en ce moment même à Johannesburg pour le 17e meeting de la conférence des parties relative à la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, on note une propagation de la reconnaissance selon laquelle pour faire diminuer ce phénomène alarmant, il faut agir sur le terreau fertile propice à son développement : la corruption.
La corruption favorise le crime organisé transnational et international (Cf. Les prédateurs, Le Monde), et semble particulièrement répandue dans les zones où le trafic d’espèces menacées est prégnant, comme l’Afrique et l’ivoire d’éléphant ou la peau et les organes du tigre en Chine et en Inde.
Le premier rapport concernant le crime mondial relatif aux espèces a été publié par l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime plus tôt dans l’année estime que plus de 7000 espèces de faune et de flore sauvages sont menacées par ce commerce. Elle met en lumière que certaines formes de commerce illicite de ces espèces, comme le commerce de corne de rhinocéros internationalement prohibé, ne pourraient exister sans la corruption.
On sait aujourd’hui que la corruption nuit aux personnes et aux pays, faisant fi de la loi, des institutions et du développement durable comme de tant d’autres principes primordiaux. En permettant le trafic d’espèces, elle exerce aussi une action néfaste en menant de nombreuses espèces vers l’extinction.
Les animaux tels que l’éléphant ou les rhinocéros sont exterminés pour leur ivoire et leurs cornes. La corruption est souvent le phénomène permettant le passage de biens du pays source vers les marchés noirs et les commerçants sans scrupules qui vivent à plusieurs milliers de kilomètres de là.
Les espèces iconiques ne sont pas les seules à être touchées (un reportage paru récemment explique le triste sort réservé aux guépards aujourd’hui : ils sont désormais utilisés comme animaux de compagnie souvent maltraités dans des familles riches de certains pays). Les pangolins par exemple, sont aujourd’hui éliminés en masse pour leur viande et leurs écailles. Le bois de rose est pillé des zones les plus reculées de l’Amazonie. La contrebande d’espèces rares d’iguanes décime les populations sauvages, commerce reliant tel un affreux rappel trois continents : les Bahamas dans lesquels ils sont braconnés, et l’Europe et l’Asie du Sud-Ouest où ils font l’objet de trafics, mettant en cause des représentants nationaux d’au moins 5 pays. Le commerce illicite touche aujourd’hui tous les pays du Monde.
La vaste majorité des représentants officiels sont honnêtes. Cependant, on remarque que certains agents des douanes et des représentants de la Police reçoivent des pots-de-vin, acceptant des permis de chasse évidemment falsifiés tandis que les trafiquants et les braconniers sont relâchés pour procédure viciée. Il faut s’attaquer désormais à ces mauvais vers qui ruinent le système et l’environnement : par un salaire raisonnable, un entraînement et des équipements permettant aux services publics de tous les pays de faire leur travail de façon efficace et droite. Cet objectif est primordial. C’est pourquoi en Décembre 2015, la corruption et les crimes environnementaux étaient un point focal d’un des évènements durant la sixième session du rassemblement autour de la Convention des Nations-Unies contre la corruption.
Depuis la dernière réunion à Bangkok en 2013, les discussions autour de cette plaie ont évolué des couloirs vers la salle de réunion elle-même et ce Meeting sera le premier à voir une résolution dédiée spécialement à la prohibition, prévention et réaction contre la corruption.