A l'issue de la consultation publique qui a été ouverte du 11 février au 4 mars dernier via le site internet du Ministère de l'environnement une large majorité des personnes exprimées s’oppose au projet de destruction de 6 loups supplémentaires après les 36 déjà tués : plus de 90% des 6153 contributeurs disent non au projet, alors même qu'une étude démontre que l’abattage des grands prédateurs fait augmenter ou reste sans effet sur le nombre d’attaques du bétail dans plus de 70% des cas.

Ce résultat vient à point nommé puisque le maire de la petite commune de Prévenchères en Lozère, a décidé de signer un arrêté municipal autorisant le tir sur les loups, jeudi en évoquant la « nécessité d'assurer la tranquillité et la sécurité publique », dans un contexte « d'erreur manifeste d'appréciation » et « d'inadéquation de la position du Préfet par rapport aux éleveurs », le maire a abondé dans la sens de la dizaine d’agriculteurs de sa commune particulièrement remontés.

Le préfet a immédiatement décidé d’attaquer l’arrêté en référé suspension devant le tribunal administratif.

Pourtant plusieurs textes juridiquement contraignants pour la France protègent le loup. Cette espèce est tout d'abord protégée par la Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, que la France a ratifiée en 1990. La directive européenne du 21 mai 1992 relative à la conservation des habitats naturels, ainsi que de la faune et de la flore sauvages, a également inscrit Canis Lupus dans son annexe IV qui liste les espèces nécessitant une protection stricte. Ces deux textes interdisent toute forme de "mise à mort intentionnelle" de ces espèces. Mais ils prévoient aussi une possibilité de dérogation pour différents motifs, parmi lesquels la prévention de dommages importants au bétail, "à condition qu'il n'existe pas une autre solution satisfaisante et que la dérogation ne nuise pas à la survie de la population concernée".

Par ailleurs, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Ecology and the Environement abattre les loups fait souvent augmenter le nombre d’attaques.

En effet, l’abattage des prédateurs fait augmenter ou reste sans effet sur le nombre d’attaques du bétail dans plus de 70% des cas. A l’inverse, les méthodes préservant la vie du loup, comme la protection des troupeaux, permet de réduire le nombre d’attaques sur le bétail dans 80% des cas étudiés.

Les méthodes mortelles comme la chasse, les appâts empoisonnés ou les pièges ne sont pas une solution aux problèmes des éleveurs mais ont souvent pour effet d’aggraver les problèmes existants : elles ne permettent de réduire les attaques sur le bétail que dans seulement 29% des cas.

Les méthodes épargnant les animaux comme les mesures de protection des troupeaux ou les systèmes de dissuasion visuels tels que rubans répulsifs sont au contraire efficaces : dans 80% des cas, les attaques sur le bétail ont diminué de manière significative.

Pour la période juillet 2016 – juin 2017, les abattages de loups sont autorisés par dérogation sur arrêté préfectoral, jusqu’à un nombre maximum de 36 individus dans 20 départements français. Chaque année, ce plafond est révisé à la hausse. L’estimation du nombre de loups en France par les services de l’Etat montre une stagnation des effectifs, alors que le nombre d’attaques continue de progresser significativement ces dernières années (+5% en 2015). A longue échéance, les tirs ne sont pas la solution. Seuls la mise en place avérée et le suivi de mesures de protection des troupeaux pourront permettre une cohabitation pérenne entre l’Homme et l’animal.