Un an après l’éclatement du scandale des moteurs truqués, consommateurs et investisseurs s’organisent pour attaquer le constructeur allemand et obtenir une indemnisation. Le gouvernement français annonce quant à lui sa volonté de récupérer le manque à gagner fiscal provoqué par cette tricherie qui concerne également d’autres constructeurs.
Il y a un an, quasiment jour pour jour, les autorités américaines accusaient Volkswagen d'avoir doté 500 000 de ses véhicules diesel commercialisés aux États-Unis d'un logiciel truqueur désactivant certains systèmes antipollution lors de l'utilisation normale de la voiture.
Deux jours plus tard, Volkswagen reconnaissait les faits. Puis le constructeur admettait avoir installé ce même logiciel dans 11 millions de véhicules dans le monde. En quelques jours, le titre Volkswagen s'effondrait de plus de 40% en Bourse.
Aux États-Unis, le constructeur s’est engagé à verser 14,7 milliards de dollars en dédommagement. Mais il refuse toujours d’indemniser les automobilistes européens. Il faut préciser que sur le Vieux Continent, ce ne sont pas 500 000 mais 8,5 millions de véhicules qui sont concernés. Après avoir lancé une procédure en Espagne, l'Apdef, première association européenne pour les victimes du Dieselgate, se tourne désormais vers la France, où 900 000 véhicules sont concernés, pour fédérer les propriétaires et faire pression sur le constructeur.
"Si on est Américain, on peut être indemnisé à la hauteur de 5 000 euros, avec la possibilité de retourner la voiture en étant dédommagé à la hauteur de sa valeur en septembre 2015. Ici en Europe, Volkswagen ne fait rien, dénonce Francesc Garcia Rafanell, avocat et président de l'Apdef. L’Europe ne marche pas ensemble, déplore-t-il. Chaque gouvernement fait ce qu’il peut ou ce qu’il veut. Ça profite à Volkswagen qui sait qu’il est dans une Europe mosaïque. La seule chose qui peut le rendre nerveux, c’est l’unité."
En réponse, Volkswagen a promis, mercredi 21 septembre, un "plan d’action" pour informer les consommateurs européens lésés d’ici la fin de l’année et remettre leur voiture en conformité d’ici l’automne 2017. "Tous les véhicules affectés par la question des émissions Diesel doivent être remis en pleine conformité" avec la réglementation sur les émissions polluantes.


Les investisseurs lésés aussi s’organisent collectivement. En Allemagne, 1 400 plaintes d'actionnaires de Volkswagen ont été enregistrées par le tribunal de Brunswick, en Basse-Saxe. Ils réclament 8,2 milliards d'euros de dédommagement.
Parmi les plaignants, on retrouve des investisseurs institutionnels, des banques, des sociétés d’assurance, mais surtout des investisseurs privés. L’américain Blackrock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde, s’est ainsi allié à une centaine d’autres investisseurs dans une même plainte pour exiger 1,5 milliard d’euros. Ils reprochent au géant de l’automobile d’avoir trop tardé à communiquer et d’être responsable de la chute de l’action. Volkswagen nie pourtant, affirmant qu’il "continue de penser qu’il a entièrement rempli ses devoirs de communication envers les marchés financiers et que ces réclamations sont sans fondement", selon un porte-parole interrogé par l’AFP.
En France, le gouvernement a annoncé qu’il allait réclamer aux constructeurs automobiles fautifs une compensation du "manque à gagner fiscal" né d’une tromperie sur les émissions de leurs véhicules. Le barème fiscal des cartes grises en France tient en effet compte des émissions de pollution des véhcules, selon le principe du bonus-malus écologique. Lors d'une audition à l'Assemblée nationale par la mission d'information sur l'industrie automobile, le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, a ainsi martelé sa volonté.
"L'intention du gouvernement est d'engager une action en responsabilité pour faute contre les fabricants, à raison bien entendu du préjudice causé par le manque à gagner fiscal, a précisé Christian Eckert. Il n'y aura pas de complaisance ni de sévérité particulière, il y aura l'application d'un juste retour à la responsabilité des constructeurs."
La commission créée par Ségolène Royal a épinglé, après neuf mois d’enquête, onze constructeurs, dont Renault, Opel et Fiat, pour des dépassements des normes de pollution sur certains modèles.