Les médicaments soignent notre santé mais soignent-ils également la santé de notre environnement ? Cette sensible question de santé publique, trop peu souvent évoquée, présente néanmoins des enjeux majeurs dans la mesure où la France est le deuxième consommateur au monde de médicaments derrière les Etats-Unis qui, à eux seuls, absorbent 36,1% de la consommation mondiale de médicaments.
Les effets des médicaments humains et vétérinaires sur l’écosystème n’ont jamais été vraiment étudiés. Des chercheurs se sont intéressés à ce problème et examinent, selon les méthodes de l’analyse des risques liés aux substances chimiques, les voies d’expositions des écosystèmes aux médicaments. En revanche, le monde de l’écotoxicologie est intéressé par les effets des composés actifs à de très faibles concentrations (quelques nanogrammes par litre) sur des espèces de l’environnement. Il est possible que des médicaments (molécules biologiquement actives susceptibles de se bioconcentrer, se retrouvent à des concentrations toxiques dans l’environnement.




I. La détermination des enjeux



Pendant longtemps, la société ne s’est intéressée qu’aux déchets de médicaments (emballages et notices), mais selon les membres de l’Académie de Pharmacie, il serait désormais urgent de s’intéresser aux résidus tels que les déchets rejetés par les hommes et qui ne sont pas toujours bio-dégradables. Ainsi, une fois absorbés, les médicaments peuvent présenter un danger pour l’environnement. La bio-dégradabilité du médicament ne dépend pas du laboratoire-fabricant mais de la nature de la molécule elle-même. C’est pourquoi tous les médicaments ne peuvent pas être bio-dégradables.
Ainsi, on retrouve une concentration de plus en plus élevée de résidus de médicaments dans les eaux usées (à la sortie des hôpitaux ou des cliniques), dans les eaux de surface mais aussi dans la mer, et parfois, dans l’eau du robinet car les stations d’épuration ne suffisent pas toujours à éliminer complètement la molécule.


Plusieurs milliers de molécules, potentiellement toxique pour la nature et l’éco-système sont utilisés par l’industrie pharmaceutique dans la fabrication des médicaments
Ainsi, 52% des médicaments sont inspirés de molécules naturelles ou ont une origine naturelle. La relation entre le milieu naturel et le médicament, à la biodiversité de manière générale, est donc une préoccupation fondamentale des Entreprises du Médicament, tant pour la préserver que pour en appréhender les potentialités.


Les Entreprises du Médicament, c’est-à-dire les entreprises du secteur de l’industrie pharmaceutique, se sont saisies de la question du cycle de vie du médicament et de son impact environnemental dans le cadre de leur politique de responsabilité qui comprend un volet d’engagement important dans les questions de biodiversité
Certaines de ces Entreprises ont d’ailleurs fait de cette limitation des impacts une politique de longue date. La profession s’est organisée à l’occasion du Grenelle de l’Environnement pour participer à la réflexion sur ces questions et parmi les dix objectifs environnementaux adoptés par le secteur à l’issue du Grenelle, l’impact des médicaments dans l’eau fait l’objet d’une attention particulière.



II. Les solutions proposées.



Comme nous l’avons déjà évoqué, les progrès des méthodes d’analyse permettent de détecter des traces de substances médicamenteuses résiduelles dans les eaux ; les concentrations varient du nanogramme par litre au microgramme par litre. Les récentes conclusions du projet européen KNAPPE (Knowledge and Need Assessment on Pharmaceutical Products in Environmental waters) portant sur l’identification des actions prioritaires à mener dans les domaines scientifique, règlementaire et social pour limiter l’impact des produits pharmaceutiques dans l’environnement, montrent que les impacts environnementaux et sanitaires sont difficiles à évaluer, et que certaines données scientifiques ne sont pas aisément mesurables. Malgré cette difficulté d’information, le sujet est incontestablement préoccupant et justifie une approche préventive et raisonnée.


Ainsi, les Entreprises du Médicament souhaitent renforcer leur participation à toutes les actions en cours qui s’orientent autour :
- l’implication de tous les acteurs du cycle de vie du médicament dans une démarche d’évaluation du risque et de prévention des impacts environnementaux ;
- la communication et la sensibilisation des communautés médicale, environnementale et du grand public pour adapter les comportements en amont (bonne gestion des déchets)
- l’amélioration des connaissances scientifiques (organisation de l’expertise, liste des molécules à surveiller…).


Pour faire progresser ces enjeux importants, les Entreprises du Médicament s’investissent dans plusieurs directions :
- la mise en place des collaborations croisées avec les autres activités ou secteurs concernés (médicaments vétérinaires, acteurs du traitement de l’eau..) ;
- la participation aux travaux scientifiques à l’échelon (projet KNAPPE) ;
- une politique d’amélioriation continue des dispositifs de productionet un travail sur l’éco-conception des médicaments dès leur fabrication ;
- la maximalisation du dispositif de collecte des médicaments non utilisés par les patients à travers une sensibilisation de ces personnes pour valoriser leurs gestes de tri de manière plus systématique ;
- une éducation amplifiée au bon usage auprès des patients sur le respect de la prescription dans une logique de santé publique et de diminution des accidents domestique ainsi que pour éviter tout stockage à domicile