A l’heure où la pollution parisienne inquiète, se pose la question du bienfait de la piétonisation des quais de Seine. La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait fait voter en Conseil de Paris, le 1er décembre 2015, la fermeture aux automobilistes de la voie Georges-Pompidou sur 3,3 km. Cette mesure avait pour but principal de lutter contre la pollution parisienne, cependant ses bienfaits sont fortement décriés.

La piétonisation des quais avait débuté par la rive gauche, il y a déjà trois ans. Cela a permis d’accueillir plus de 6 millions de visiteurs du pont Royal au pont de l’Alma et est aujourd’hui un succès incontestable, plébiscité de tous, parisiens, franciliens et touristes. Forte de ce succès, la maire de la capitale a décidé de poursuivre la reconquête des berges de Seine en piétonnisant la rive droite.

Pourtant, face à ce projet, la commission d’enquête a rendu un avis défavorable à la mise en œuvre immédiate de la fermeture des voies sur berges rive droite, en argumentant sur 6 points principaux :
- 75% des contributions étaient opposées au projet.
- Le périmètre de l’enquête publique voulu par la mairie de Paris ne prenait pas en compte les arrondissements subissant des reports importants de circulation.
- La pollution pourrait augmenter dans les zones concernées du fait d’un trafic accru et ralenti.
- L’impact positif sur la pollution de l’air n’est pas avéré.
- L’intérêt de ce projet dépasse les limites de Paris. En conséquence il ne peut se faire sans concertation avec les communes concernées.
- Les impacts économiques d’un tel projet seront négatifs.

Malgré cet avis négatif, Anne Hidalgo a décidé de « passer outre » et cela en raison de plusieurs avantages à cette piétonisation avancés par la maire de Paris. Tout d’abord, elle met en avant « une ville moins encombrée par les voiture », actuellement les voies sur berges sont empruntées quotidiennement par 43 000 conducteurs. Si à court terme, cela va engendrer une hausse importante du trafic sur les quais hauts rive droit, rive gauche, le boulevard des italiens, le boulevard Saint-Martin et l’avenue Foch, des expériences menées de manière similaire dans d’autres villes françaises et à l’étranger démontrent que le trafic devrait diminuer à long terme. A titre d’exemple, des villes comme Rouen ou Varsovie ont fait l’expérience d’une coupure d’un axe important et cela a eu pour conséquence une « évaporation » des voitures. La raison vient du changement de comportant des citadins qui, plutôt que d’utiliser leur voiture, se sont rabattus sur d’autres moyens de transport.

L’autre avantage avancé, et non des moindre, est la réduction de la pollution atmosphérique. Cela découle du premier avantage de réduction du trafic, puisqu’en effet, s’il y a moins de voiture, il y aura nécessairement moins de pollution de l’air. Un avantage non négligeable lorsque l’on sait, grâce à des études menées par des spécialistes, que les véhicules représentent deux tiers des émissions de dioxyde d'azote et 55% des émissions de particules. Or, avec 48.000 décès, la pollution de l'air est responsable de 9% de la mortalité en France, selon une étude de Santé publique France publiée en juin 2016. La fermeture des quais rive droite permettrait une réduction de 15% en moyenne de la pollution au dioxyde d’azote. Cependant, cet avantage est remis en cause, ainsi pour étudier « de manière transparente l’évolution de la qualité de l’air dans Paris et les communes avoisinantes dans les prochains mois », la commune de Paris a passé une convention avec Airparif. Deux campagnes de quatre semaines (pour diversifier les saisons, la météo, les flux de circulation, etc.) seront menées, à l’hiver 2016-2017 et au printemps 2017, en mai-juin. Les résultats à six mois feront l'objet d'un rapport d'étape, le rapport définitif étant prévu à l'issue d'une période d'un an.

Malgré ces avantages, des inconvénients sont mis en avant par des contestataires au projet. En effet, les automobilistes de banlieue pourraient se trouver privés du seul grand axe permettant une traversée rapide de Paris d’ouest en est, rallongeant en moyenne les temps de trajet de 20 minutes au minimum. De plus, les transports en communs pourraient également être impactés par cette piétonisation, devenant « ultra sollicités ». Cependant face à ce dernier argument négatif avancés par les contestataires, sont opposés des aménagements des lignes de bus et la mise en service de lignes de « bus-tram » à l’horizon 2018.

Un vote définitif sur le projet doit avoir lieu le 26 septembre 2016 concernant la fermeture ou non des voies sur berge aux automobilistes.