En Europe, ce rachat à prix d’or dans un secteur en pleine évolution n’est pas mal vu par les responsables. Ainsi la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager souhaite que « Les agriculteurs et les consommateurs aient le choix entre différentes sortes de semences, qu’ils ne soient pas coincés par un seul producteur et un seul genre de pesticides ». Alors que les 6 plus grosses compagnies d’agrobusiness risquent de ne devenir que 3, avec l’acceptation des compagnies Dow et Dupont ainsi que Syngenta et Chemchina d’effectuer une fusion. Les fermiers et consommateurs font face à moins de choix et plus de prix abusifs.

Alors que la nouvelle de l’acceptation de Monsanto à une offre équivalant à 66 milliards d’euros se répand, l’avenir s’obscurcit alors que cette nouvelle méga-entité contrôlera plus de 25 % des ressources globales des semences et des pesticides. Actuellement, Bayer n’est autre que le second plus gros organisme dans le commerce de pesticides après le leader Syngenta (17% de l’agrochimie mondiale agrémentés par une branche spécialisée dans les semences). Monsanto quant à lui est le plus grand producteur de semences industrielles incluant une large part d’OGM avec quelques 26 % des parts de marché de la vente de semence en 2011.
Si les autorités de la concurrence acceptent cette acquisition, l’entité deviendra le plus gros vendeur mondial tant des semences que des pesticides. Trois compagnies domineront les secteurs des semences et de l’agrochimie détenant respectivement 60 % et 75 % des marchés.
Les sonneries d’alarme se déclenchent avec le blocage de la fusion entre Dow et Dupont par la Commission européenne et, outre-mer, l’US Senate Judiciary Committee qui s’apprête à auditionner à propos de l’accord du fait de craintes liées à la consolidation de l’industrie qui a résulté en une hausse des prix dans les deux secteurs.
Les 100 plus grands chefs français se sont levés contre cette perspective en la qualifiant de « danger pour nos assiettes » dans une lettre ouverte. Ils ajoutent que « De grands défis pour notre nourriture prennent place en ce moment-même. Non, la nature, la diversité et la qualité de notre nourriture ne devrait pas être écrasée sous le rouleau compresseur qu’est le groupe Monsanto Bayer ». La communauté de protection de l’environnement voit ses craintes se manifester elle aussi.
Le futur leader des semences et pesticides se donne pour ambition de contrôler toute la chaîne agricole, depuis les semences jusqu’à l’assiette du consommateur : une sorte de monopole vertical. Idéal néfaste lorsqu’on connaît le peu d’attention portée par Monsanto envers l’environnement et la vie humaine.