L’indépendant, à la suite d’une investigation, a découvert que des stocks de poisson de destinés à nourrir la population de l’Afrique de l’Ouest sont pillés par des compagnies étrangères afin de nourrir les fermes de cochons, poulets et saumon de l’autre côté de la Terre.
La demande grimpante en viande force les producteurs à parcourir au travers de nouvelles frontières à la recherche d’ingrédients pour créer de la nourriture animalière destinée à l’élevage industriel, notamment les poissons riches en oméga 3 comme les sardines issues des eaux sénégalaises. Sa présence sur leurs listes de cibles potentielle est prédominante aujourd’hui.

Les investisseurs russes, marocains et italiens parmi d’autres ont commencé à ouvrir des bâtiments sur les rives du pays pour s’intégrer dans ce marché très lucratif. Des experts éprouvent déjà des craintes fondées à propos de cette vague d’investissement qui risque d’avoir un impact dévastateur sur la vie de millions de gens, menaçant la sécurité alimentaire et le train de vie d’une grande partie de l’Afrique, une zone qui ne connaît déjà que trop souvent la faim. Les femmes particulièrement risquent d’être touchées puisqu’elles dominent la main-d’œuvre au sein des secteurs traditionnels de fumage du poisson.
Parlant anonymement, l’un des plus fameux experts en développement durable, qui travaille en rapprochement avec de grosses firmes agroalimentaires dans l’approvisionnement de leurs ingrédients, a affirmé que les compagnies : « n’ont pas la moindre idée que des produits quotidiens tels que le saumon fumé, puissent être liés à de la farine de poisson issue des eaux Ouest-africaines ». Il ajoute que la situation « devient le nouveau talon d’Achille de leurs politiques de responsabilité sociétale d’entreprise ».
Un autre expert, Phillip Lymbery, chef exécutif de l’organisation défendant le bien-être animal dans les fermes, Compassion in World Farming, a rappelé que « loin de nourrir la planète, cette enquête montre comment l’élevage industriel crée une insécurité alimentaire en réalité, en prenant la nourriture destinée à des bouches de gens dans l’indigence pour nourrir des animaux d’élevage ».
« Cela souligne le besoin urgent de réformer la production industrielle de viande et d’arrêter ces pratiques inefficientes et prônes au gâchis ».
Le problème entoure la farine de poisson qui est le fer de lance du régime de la plus grande partie des viandes que l’on retrouve sur les étalages des supermarchés du monde entier. Puisque les réserves conventionnelles de farine de poisson sont épuisées et que la consommation de viande continue de grimper autour du monde (Cf. La surconsommation de viande : les conséquences néfastes de sa démocratisation sur l’environnement), les stocks de poisson africains sont détournés pour subvenir aux besoins de l’industrie fermière mondiale.
L’indépendant a visité le Sénégal et découvert une douzaine d’usines de production de farines de poisson semées au gré des méandres de la côte et construites au cours des dernières années. D’autant plus de constructions sont prévues corollairement à l’arrivée massive d’investisseurs dans la région à la recherche de sardine et hareng à bas prix pour les transformer en poudre et les exporter en alimentation animalière. Mariane Tening Ndiaye, une négociante en poisson à Joal, Sénégal, rappelle : « Nous n’avons pas d’or, de pétrole, ou de diamants, l’océan est la seule ressource que notre pays détient ».