Une coalition de 25 experts militaires et de la sécurité nationale, dont des anciens conseillers de Ronald Reagan et de George W. Bush, mettent en garde sur le fait que le phénomène de changement climatique pose des risques significatifs sur la sécurité nationale des Etats-Unis et, plus globalement, sur la sécurité internationale. Ils alarment donc le gouvernement américain sur cette question cruciale qui doit être prise en compte au plus vite.


Le groupe d’experts du « US national security community » précise que l’augmentation des températures et la montée des eaux va progressivement inonder des bases militaires, alimenter les conflits internationaux et l’immigration massive des populations. La conséquence première de ces événements est le risque immédiat pesant sur l’armée américaine.


Dans un rapport soulignant les risques climatiques, le groupe étatique annonce que « L’armée a une tradition ancienne d’analyse de risque à travers une méthode nommée « Survive to Operate » qui signifie que l’on préfère se préparer à pouvoir continuer les activités militaires dans les pires scénarios possibles, même dans l’hypothèse d’une attaque, plutôt que dans les meilleurs. De plus, prendre en compte les risques liés aux changements climatiques doit être une priorité.


Organisé par l’organisation apolitique « Center for Climate and Secutiry », possède en son sein de membres tels que Geoffrey Kemp, ancien conseiller de Ronald Reagan en sécurité nationale, Dov Zakheim, ancien sous-secrétaire d’état à la défense de George W. Bush un général à la retraite Gordon Sullivan, ancien chef militaire.


Les recommandations émises au gouvernement prévoient la création d’un cabinet officiel dédié au changement climatique, aux problèmes de sécurité en découlant et des actions à prendre en priorité concernant les conséquences liées au dérèglement climatique.


En 2015, le Département de la Défense a qualifié le phénomène de changement climatique de « multiplicateur de menaces » qui pourrait nécessiter une plus grande intervention humaine et militaire à travers le monde. Ce « multiplicateur de menaces » pourrait également favoriser l’apparition de tempêtes extrêmes qui menaceraient des villes et des bases militaires, en plus de surélever le niveau des mers qui aurait pour conséquence directe la disparition de certaines iles et de certaines côtes.


En Janvier 2016, le Pentagone a ordonné à son administration de prendre en compte et d’incorporer le changement climatique dans ses actions, que cela soit dans les essais d’armes ou dans la préparation des troupes pour la guerre.


Les républicains n’ont pas approuvé cette nouvelle approche du Pentagone. Pour exemple, le membre du congrès Ken Buck propose un amendement qui pourrait interdire le Pentagone de pouvoir consacrer du budget à des dépenses relatives au changement climatique.


Ken Buck a même déclaré en juin 2016 que « lorsque l’on distrait notre armée avec des mesures relatives au changement climatique, on les écarte de leur but principal qui est de défendre les Etats-Unis de ses ennemis tel que l’Etat Islamique ». Par ailleurs, le candidat républicain à la présidentiel des Etats-Unis Donald Trump a qualifié le phénomène de changement climatique de « canular ».


Pourtant, des analyses montrent que des infrastructures militaires en Virginie sont particulièrement exposées à des risques d’inondations. La « National Oceanic and Atmospheric Adminstration » a mis en garde sur le fait qu’en 2050, la majorité des côtes américaines ont de fortes chances d’être menacées de 30 jours ou plus de crue et d’inondations chaque année, conséquence de « l’accélération drastique de l’augmentation du niveaux des mers ».


David Titley, un ancien amiral de l’US navy a déclaré que « les conclusions sont claires : les risques climatiques augmentent tant dans leur probabilité que dans leur intensité. « La prochaine administration, peut importe sont parti politique, a le devoir et l’obligation en tant que commandant en chef, de gérer les risques climatiques de la manière la plus exhaustive ».


Ronald Keys, un ancien comandant de l’ «Air Combat Command » a déclaré au journal « The Guardian » qu’il était initialement sceptique concernant le phénomène de changement climatique mais qu’il s’est finalement convaincu après avoir vu de lui-même les conséquences concrètes en découlant, à la base de Langley en Virginie.