Londres ne remet pas en cause le contrat commercial signé en 2013 avec le groupe français, qui prévoit un prix de vente de l’électricité de 92,5 livres par mégawattheure (MWh) sur une période de 35 ans ; mais il assortit son feu vert de conditions destinées à garantirla sécurité d’approvisionnement en électricité du pays.

La centrale d’Hinkley Point C (HPC) doit fournir 7 % du courant au Royaume Uni à partir de 2025.
Au terme d’un nouvel accord avec EDF, le gouvernement pourra lui interdire de vendre sa part majoritaire de 66,5 % dans HPC durant la phase de construction.
Cet ajout au contrat initial doit faire l’objet d’un « échange de lettre » entre le gouvernement de Londres et le groupe français, indique Londres.

Le « nouveau contrat légal »prévoit aussi que celui-ci pourra intervenir dans une éventuelle cession de la part d’EDF une fois la centrale en service.

Mais, le Royaume Uni, qui n’a pas construit de centrale nucléaire depuis 1995, va plus loin.
Un communiqué indique que pour les futurs investissements étrangers dans les infrastructures sensibles le gouvernement britannique prendra une « action spéciale » dans tous les projets nucléaires afin de s’assurer qu’une part significative de ces projets ne puisse être vendue sans que le gouvernement en ait connaissance et donne son accord.

Le Royaume-Uni, veut garder la main sur ce secteur jugé stratégique pour la sécurité nationale.
En effet, l’inquiétude sur l’entrée de la Chine dans le nucléaire britannique a incité la première ministre, Theresa May, à imposer ces nouvelles conditions.
Le coût estimé du projet, d’environ 22 milliards d’euros, a été très critiqué en interne et nécessite l’aide de l’investissement chinois
C’est dans ce cadre qu’a été conclu un accord tripartite signé par le Royaume-Uni, la Chine et la France et qui stipule, en effet, qu’après les deux EPR d’Hinkley Point, puis les deux EPR de Sizewell (à l’est de l’Angeleterre) financés aux deux tiers par la Chine, le géant public China General Nuclear Power (CGN) pourra construire un « Hualong » (« Dragon »), un réacteur de conception 100 % chinoise, sur le site de Bradwell (à une centaine de kilomètres de Londres).
Les autorités chinoises ont menacé de renoncer à investir plus de 20 milliards d’euros dans les quatre EPR d’EDF Energy s’ils n’avaient pas le droit de construire un « Hualong » à Bradwell, confirmant dès lors les inquiétudes des européens du Royaume-Uni

EDF peut avoir un second motif de satisfaction : Londres ne remet pas fondamentalement en cause l’équilibre financier du projet qui repose sur le « contrat pour différence ». Celui-ci garantit au groupe français un prix de l’électricité très supérieur aux cours actuels sur le marché européen de gros. Il est jugé bien trop généreux par les opposants britanniques à Hinkley Point.

La remise en cause de la centrale de Hinkley Point C aurait été catastrophique pour EDF comme pour Areva en pleine restructuration. Car les deux groupes ont l’ambition de vendre des EPR, du combustible et des services à d’autres pays, notamment deux réacteurs supplémentaires à la Chine, mais également à l’Inde, à l’Afrique du Sud, à la Pologne et peut-être à l’Arabie saoudite.

Le feu vert de Londres « crédibilise » cette filière dont la France est depuis de nombreuses années l’un des leaders mondiaux