La criminalité environnementale, qui se définit par l’ensemble des infractions qui menace ou porte atteinte à l’environnement avec ou sans répercussions sur les personnes, a connu une période noire fin aout – début septembre 2016.

Tout d’abord, le 26 aout au matin en Indonésie, et plus particulièrement dans le district de Jomband, sur l’île de Java, 657 pangolins congelés ont été découverts par la Police locale. Cette saisie a été rendue possible par la curiosité des voisins qui ont alerté les autorités car ces derniers étaient intrigués sur le nombre de congélateurs présents dans cette maison.
Le pangolins, unique mammifère au monde à avoir des écailles, est une espèce protégée dont le commerce est interdit depuis 2000 par le droit international. Toutefois, malgré cette interdiction, son commerce sur le marché noir est florissant, surtout en Asie où les vertus médicinales supposées de cet insectivore sont nombreuses. La viande et les écailles de ce fourmilier sont très prisées de la pharmacopée et de la cuisine chinoise, et la viande y constitue un mets luxueux.
Face à de telles situations, la médecine traditionnelle ne peut que être remise en cause. Michèle Jung, présidente de l’association Animal Asia France, nous explique que selon ces croyances, les écailles de pangolins qui ne peuvent être recueillis qu’en bouillant l’animal, auraient « un effet positif sur la production de lait maternel », tandis que le sang du pangolin lui, est bu tiède dans de l’alcool de riz et serait un puissant aphrodisiaque. Tout cela, sans aucune preuve scientifique.
Cette criminalité liée au pangolin s’est accrue depuis la dénonciation du commerce de bile d’ours, lui en diminution. Une bile recueillie une fois de plus à des pseudos fins thérapeutiques non prouvées scientifiquement. Selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), ils seraient plus de 100 000 pangolins par an à être victimes de commerce illégal.

Concernant cette saisie, un homme de 55 ans soupçonné de commerce illégal de cette espèce menacée d’extinction a été interpellé, et s’il est reconnu coupable par un tribunal, il risque jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 100 millions de roupies, une somme équivalente à environ 6 700 €.
Puis, le 30 aout 2016, la police de Rotterdam a fait la découverte d’une collection macabre, une saisie record dans la province du Brabant, de peaux et d’os provenant d’espèces animales protégées. Des peaux de crocodiles, de lézards et de serpents, des carapaces de tortues, des bijoux en ivoire, des crânes de singe, des squelettes de chauve-souris et également du corail, et plus précisément deux tonnes de corail. Les enquêteurs ont retrouvé un récif complet, dont du corail bleu d’une longueur de 40 centimètres, un corail grandissant de moins de 1 à 25 millimètres par an, pousse général du corail mais le corail bleu est lui plus lent. Un corail d’environ 400 ans. Selon Peter Hartog du département environnement de la police de Rotterdam, « les récifs coralliens sont les forêts tropicales des océans et sont sérieusement en danger », pourtant ils continuent d’être pillés comme cette saisie en est la preuve.
Cette découverte d’une valeur inestimable, a demandé aux enquêteurs une étude de trois jours pour départager ce qui était légal de ce qui ne l’était pas. Trois jours pour effectuer ce tri et transporter la saisie dans un endroit sur.
De plus, dans ce même entrepôt, a également été retrouvé 500 000 euros en liquide et en or.Cette macabre prise a débuté par une inspection de routine sur un navire en provenance de Chine à son arrivé dans le port de Rotterdam, quatrième port mondial. Lors de cette inspection, déjà 345 kilos de corail avait été retrouvés dans quinze carton de déménagement. Puis, l’enquête a mené les policiers au sein de cet entrepôt abritant cette saisie morbide.

Le propriétaire des lieux, un homme de 53 ans, a été emmené pour être interrogé mais aucune arrestation n’a encore été effectuée.

Enfin, une semaine plus tard, le 5 septembre 2016, 259 reptiles ont été interceptés dans des valises à l’aéroport d’Amsterdam.
Ces reptiles ont été retrouvés entassés dans quatre valises de trois suspects d’origine espagnol en provenance du Mexique, dès lors arrêtés et accusés de trafic et cruauté sur animaux.
Sur les 259 reptiles, dix étaient déjà mort du fait des conditions de transport énonce les autorités sanitaires (NVWA).
L’ensemble de cette saisie représente près de 80 000 €.

Parmi ces reptiles se trouvaient notamment 14 Chuckalla de San Esteban, des lézards qui ne se trouvent que sur cette île du même nom dans le Golfe la Californie, au Mexique. Une espèce protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction.

La criminalité environnementale, illustrée par ces trois affaires est placée au quatrième rang des activités illicites après le trafic de stupéfiants, la contrefaçon et le trafic des êtres humains.
Une activité qui rapporterait plus de 14,5 milliard d’euros par an.
Face à cela, le droit n’est pas absent, il n’y a pas de vide juridique. Pourtant, son effectivité est mise en cause. La criminalité environnementale est souvent liée à la corruption, et du fait de cette alliance, les législations ne s’appliquent pas, ou du moins trop peu.

Concernant plus spécialement le trafic d’espèces sauvages, il existe au niveau international la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, dite convention CITES ou encore convention de Washington, une convention signée par 175 pays en 1973 et qui recense 800 espèces en danger. Une convention qui paraît aujourd’hui peu efficace.

Néanmoins, les débats se multiplient. Le droit pénal, très lié à la souveraineté des Etats, a du mal à se développer au niveau européen et surtout international. Or en matière de criminalité environnementale, l’aspect international prend toute son ampleur. Les trafics impactent de nombreux pays, de nombreuses populations et chacun doit lutter contre ce phénomène peu importe où il se trouve, pays exportateur ou importateur.

La France, sans être un modèle sur ce terrain, a tout de même fait un premier pas en interdisant depuis le 16 aout 2016 la vente d’ivoire sur son territoire. Un crime passible aujourd’hui d’une amende de 500 000 à 750 000 euros.
Une lancée sur laquelle notre pays se doit de rester afin de développer et d’enrichir au mieux notre législation sur tous les aspects de la criminalité environnementale, une thématique complexe au sein de laquelle la protection n’est jamais trop importante.