Du 15 au 23 juillet 2016, à Vienne, en Autriche, a eu lieu une réunion exceptionnelle de la communauté internationale. Cette réunion précède celle de Kigali (Rwanda) qui se déroulera en octobre 2016. Au cours des négociations menées à Vienne, l’interdiction des hydrofluorocarbures (HFC) a été envisagée. Les discussions ont été fructueuses puisque le projet vise à inclure les HFC dans le protocole de Montréal par voie d’amendement. Un pas de plus dans la lutte contre le changement climatique dans la lignée et la dynamique de la COP 21 de décembre 2015 et de l’Accord de Paris.

Lors des négociations dirigées par les Nations-Unies à Vienne, le Canada a demandé une action internationale en vue d’éliminer progressivement, mais à un rythme rapide, les HFC qui contribuent au réchauffement climatique de la planète.

En quoi consistent les hydrofluorocarbures ?

Les hydrofluorocarbures sont des gaz issus de la famille des fluorocarbures (FC). Ils sont composés d'atomes de carbone, de fluor et d'hydrogène et sont notamment utilisés dans les systèmes de réfrigération, les aérosols et la fabrication de mousses isolantes.
Ces gaz, d'origine synthétique, visent à remplacer à la fois les chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) comme fluides frigorigènes et/ou propulseurs d'aérosols.

Les HFC sont presque tous ininflammables, faiblement toxiques et n’attaquent pas directement la couche d’ozone. C’est pourquoi, les HFC ont été préférés aux CFC qui ont, par ailleurs, une efficacité énergétique moindre.

Les conséquences des HFC sur le réchauffement climatique

Cependant, les HFC ne sont pas sans conséquences sur le réchauffement climatique et leur effet est important. En effet, ils sont 14 000 fois plus puissants que le CO2 (voire jusqu’à 23 000 fois pour certains HFC). Ce sont des gaz à effet de serre dont la consommation augmente constamment depuis la fin des années 1980. Ils sont surtout utilisés dans les secteurs de l’automobile et de l’air conditionné. Par exemple, en Inde, la climatisation représente en 2013 de 40 à 60% des pics de consommation électrique dans certaines villes.

Le pouvoir de réchauffement global (PRG) des HFC est, en moyenne 1 300 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone. 500 000 tonnes de HFC relâchées chaque année dans le monde équivalent à l’émission de près de 1 milliard de tonnes équivalent CO2.

Ainsi, les HFC ne contribuent pas directement à la destruction et à la disparition de la couche d’ozone mais accentue le réchauffement climatique de la planète en raison de leur puissance et de leur pouvoir de réchauffement global mais également en raison de leur croissance très rapide.

En effet, les HFC connaissent une croissance d’environ 10 à 15% par an. C’est la croissance la plus rapide de tous les gaz à effet de serre.

Inclure les HFC dans le protocole de Montréal, un projet ambitieux

En 2015, les HFC sont inclus dans la négociation pendant la COP21 pour l'effort de diminution du réchauffement climatique en vue de leur élimination. Cette initiative se poursuit avec l’idée d’inclure les HFC dans le protocole de Montréal par voie d’amendement. Ce projet pourrait voir le jour lors de la 28ème réunion des parties à ce protocole qui aura lieu du 10 au 14 octobre 2016 à Kigali (Rwanda).

Le protocole de Montréal (Canada) a été signé en le 16 septembre 1987 et est entré en vigueur le 1er janvier 1989. Il s’agit d’un accord international qui fait suite à la Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone adoptée le 22 mars 1985. Le protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone recueille la signature de 196 pays en 2009 et constitue ainsi le premier protocole environnemental à atteindre la ratification universelle.
Le texte a pour objectif de réduire et d’éliminer totalement les substances contribuant à la réduction de la couche d’ozone.

L’élimination progressive de l’utilisation des HFC permettra de réduire les effets néfastes de ces gaz sur le changement climatique. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre, d’ici 2050, seraient réduites dans une proportion telle que cela équivaudrait au retrait annuel d’un milliard de véhicules de la circulation, et ce, pendant 15 ans. De quoi encourager le projet.

Ainsi, une modification du protocole de Montréal a été envisagée au cours des négociations récentes de Vienne visant à éliminer progressivement les HFC à l’échelle mondiale. Ce projet renforcerait le succès de ce texte signé en 1987 et le prolongerait sur le long terme. Par ailleurs, la modification pourrait être adoptée rapidement lors de la réunion des parties au protocole de Montréal qui aura lieu au Rwanda en octobre 2016.

Vers l’interdiction des HFC, un projet concret et réalisable dans la lignée de l’Accord de Paris

L’interdiction des HFC dans le but d’éliminer progressivement leur utilisation contribuerait à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris signé en décembre 2015 à l’issue de la COP 21, notamment celui de limiter l’élévation de la température moyenne de la planète largement en dessous de 2°C.

Inclure les HFC dans le protocole de Montréal permettrait leur réduction rapide ainsi que la diminution significative des émissions de gaz à effet de serre. Le succès de ce texte n’est plus à démontrer. En effet, au jour d’aujourd’hui, 7% des gaz visés ont été éliminés. Par ailleurs, l’interdiction des HFC représenterait des bénéfices en termes d’efficacité énergétique.

Reste la question incontournable du financement. Lors des discussions de la semaine dernière à Vienne, les pays industrialisés se sont clairement engagés à aider les pays en voie de développement à réaliser cette transition. Tous les pays sont engagés et, parmi les Etats les plus positionnés, on trouve les Etats-Unis, l’Union Européenne, le Japon ou encore certains pays africains. La Chine, l’Inde ou le Pakistan sont plus modérés dans leur engagement mais aucun pays n’est réfractaire au projet.

Toujours dans la dynamique et l’enthousiasme de la COP 21 et de l’Accord universel de Paris, la communauté internationale semble plus que prête à s’engager et à agir concrètement et efficacement contre le réchauffement climatique en vue de la protection et de la préservation de la planète.