En France, tout comme dans de nombreux pays d’Europe depuis une trentaine d’années, les populations d’abeilles diminuent. Cette surmortalité alarmante s’est accélérée depuis les années 1990 due à l’usage intensif de produits phytosanitaires (utilisé pour soigner ou prévenir les maladies des organismes végétaux) qui intoxique les abeilles, et qui favorisent les infections parasitaires, dont le redoutable varroa. De plus, l’utilisation de ce produit favorise l’apparition en Europe du frelon asiatique.
Pour préserver les abeilles, l’utilisation de ces produits pendant la floraison des grandes cultures a été interdite dans les années 70. Mais, en 1995, apparaissent les insecticides systémiques neurotoxiques, qui se diffusent dans toute la plante au fur et mesure de sa croissance, y compris dans les fleurs que butinent les abeilles. Confrontées à des résidus même infinitésimaux, celles-ci sont désorientées, se refroidissent et ne retrouvent plus leurs ruches.
En parallèle s’est développé en France le parasite varroa qui provoque des dommages considérables dans les ruchers qu’il infeste. Il s’attaque aux ouvrières et bourdons adultes, mais également aux larves. La femelle varroa très prolifique pond ses oeufs dans les cellules de couvain, ainsi les jeunes parasitent les larves pour se développer à leurs dépens.
Enfin, depuis peu, une nouvelle espèce de frelon, le frelon asiatique (Vespa Valutina) se propage à toute allure sur notre territoire. Importé de Chine dans des poteries, il est arrivé en Aquitaine en 2004 et on constate sa présence aujourd’hui jusqu’en Ile de France. Particulièrement agressif, y compris à l’égard de l’homme, s’il est dérangé, c’est un épouvantable prédateur pour les abeilles dont il aime se régaler. Une dizaine de frelons en vol stationnaire suffisent à décimer une colonie en quelques jours.
Quelle est la conséquence de la disparition des abeilles ? Les abeilles contribuent à la reproduction de 80% des espèces de plantes à fleurs. C’est donc un élément essentiel dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et de notre agriculture. Moins de surfaces plantées avec des plantes à fleurs réduisent la diversité des pollinisateurs, ce qui accentue encore la disparition des espèces végétales.
C’est après ce constat alarmant que les députés ont définitivement adopté, mercredi 20 juillet, le projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». La loi marque d’incontestables avancées sur le dossier brûlant des insecticides néfastes pour les pollinisateurs mais aussi, plus largement, pour l’environnement et la santé. Elle prévoit l’interdiction de ces molécules à partir du 1er septembre 2018 pour l’ensemble des cultures agricoles, quels que soient les usages (pulvérisations, traitement des sols ou enrobage de semences). L’article 51 accorde toutefois des dérogations jusqu’au 1er juillet 2020 lorsqu’il n’existe pas d’alternative. Ces exceptions seront décidées par un arrêté conjoint des ministres de l’agriculture, de l’environnement et de la santé, sur la base d’un rapport sur les molécules de substitution que l’Agence de sécurité sanitaire devra rendre à la fin de l’année.
Nous verrons donc dans le futur les effets de cette disposition sur la préservation des abeilles et de l’écosystème en générale.