En 50 ans, alors que la population mondiale a été multipliée par 2, la consommation de viande au niveau mondial a été multipliée par 5. La moyenne de 100 grammes de viande par jour dont fait montre l’être humain cache de grandes disparités puisque la consommation dans les pays développés est supérieure à 200 grammes par jour alors que dans les pays en voie de développement, elle est de 47 grammes.
Au final, le français moyen mange près de 90 kg de viande par an ; ce qui est bien au-dessus de la moyenne de l’Union Européenne qui atteint 82 kg. L’équivalent journalier n’est pas des moindres puisque cela équivaut à 240 g de viande par jour. Cela représente, seulement pour les besoins français, l’abattage de plus de 1 milliard d’animaux par an, tandis qu’au niveau mondial on évalue ce chiffre entre 70 et 130 milliards d’animaux abattus chaque année.
La production de viande mondiale atteignait plus de 300 millions de tonnes en 2012 selon la FAOSTAT et pourrait être multipliée par 1,5 d’ici à 2050. Les conséquences sont désastreuses puisque cela accentue la pression sur la surface agricole disponible et, a fortiori, augmente de manière considérable la demande en céréales qui s’est substituée comme aliment de base du bétail, au grand dam du fourrage et de l’herbe issue des pâturages. Les prévisions de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture sont difficiles à entendre : il sera nécessaire de doubler la production agricole d’ici à 2050. On estime en effet, pour un kg de viande, que le besoin en céréale est de 7 kg. Pour faire face à ces besoins, il faut étendre la surface de terre cultivables dont le prix environnemental est lourd. Comme vu précédemment dans le cadre de notre étude de la situation amazonienne, la déforestation, les monocultures intensives et l’utilisation de pesticides et OGM seront les outils et vecteurs de problèmes plus graves encore : destruction d’écosystèmes, perte de biodiversité sans compter les effets connus ou non sur l’être humain.
L’élevage bovin serait responsable de 80% de la destruction de la forêt amazonienne selon Greenpeace dans une enquête publiée en juin 2009. Plus largement, l’élevage intensif et la culture du soja (notamment comme base alimentaire pour le bétail) seraient la première cause de déforestation à l’échelle planétaire.
Il semblerait donc que les externalités négatives émanant de la demande européenne et, plus largement, des USA, du Japon et de la Russie (les 4 plus gros consommateurs mondiaux), affectent surtout les pays en voie de développement.
Le WWF, dont la notoriété n’est plus à faire, a produit un rapport classant les espèces en fonction de la surface de sol nécessaire à la production d’un kg de viande à l’issue duquel un kg de bœuf nécessiterait 323 mètres carrés. Cela équivaut à 8 fois plus qu’un kg de cochon ou de poulet dont on connait aujourd’hui le sort dans l’agriculture intensive.
Les effets néfastes de la surconsommation de viande ne s’arrêtent pas là : elle est responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde annuellement (selon un rapport de la FAO). C’est plus que l’ensemble du secteur des transports qui atteint 13% selon le GIEC. C’est évidemment sans compter le gaspillage.
Au niveau local, l’augmentation constante de l’élevage intensif influe directement sur l’environnement comme on a pu le voir en Bretagne avec l’apparition des marées vertes : phénomène se manifestant par la multiplication d’un type d’algue sur les littoraux et dégageant de fortes concentrations d’hydrogène sulfuré (H2S), toxique voire mortel selon le niveau d’exposition. Elles seraient en effet, issues des rejets de lisiers et par la présence systématique d’engrais et autres adjuvants chimiques dans les sols et les eaux de la région. La gestion des déjections animales peut aussi avoir un impact sur la nappe aquifère environnante mettant en péril les réserves d’eau potable de certaines localités. On estime aussi que l’élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l’eau (antibiotiques, hormones, produits chimiques issus des tanneries, engrais, pesticides…). Selon la Commission européenne, il est responsable de 64 % des émissions d’ammoniac qui est l’une des causes principales des pluies acides.
La production de viande est aussi très gourmande en eau puisqu’il faudrait 5 000 litres d’eau pour produire 1000 kcal d’aliments d’origine animale contre 1 000 litres pour des aliments d’origine végétale. L’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes rappelle à cet effet que l’essentiel des besoins en eaux est couvert par la récupération d’eau de pluie (95% selon leur communiqué).
Il semblerait donc qu’il faille peut-être museler l’agriculture intensive aux fins de protection de l’environnement. D’aucuns avancent que l’avenir se trouve dans l’élevage d’insectes qui nécessite beaucoup moins de surface et engendrent moins de gaz à effet de serre. L’idéal serait d’arrêter de rendre le gâchis rentable à l’échelle planétaire.