Le 20 janvier 2016, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rappelé lors de son discours de début d’année que dans le contexte actuel, les enjeux de la sûreté nucléaire et de la radioprotection sont sources de préoccupations. Il souligne, par ailleurs ,que le nucléaire souffre encore de bien des dysfonctionnements.

En effet, en novembre dernier, un malade de l’hôpital de Créteil a subit 22 séances de radiothérapie sur une partie saine de son corps. En outre de cette erreur de «latéralité», il est également important de rappeler que des erreurs sur les personnes, des dosages excessifs de rayonnement ou la mauvaise utilisation de nouveaux équipements, on bien souvent lieu. Toutes ces problématiques récurrentes; bien qu’étant des problèmes anciens, peinent à être résolu par l’ensemble du corps médical et le gendarme du nucléaire français, en raison de leur complexité.

Outre les établissements de santé, la situation du nucléaire industriel français, et notamment celui de l’électricité, est tout aussi problématique : allongement de la durée de vie des réacteurs de 900 mégawatts, incidents lors de la construction de l’EPR de Flamanville, mise en œuvre des prescriptions post-Fukushima, centre de stockage des déchets à haute activité et vie longue.
Bien qu’accoutumer à ces problèmes anciens, ce qui est nouveau, c’est que les industriels français du nucléaire sont aujourd’hui économiquement et techniquement en difficulté. À titre d’exemple, Areva peine à achever le démantèlement en cours, avec 10 ans de retard, du chantier de la tête de série de l’EPR à Olkiluoto (Finlande).

Aujourd’hui, nous pensons à juste titre que, nul industriel ne rechigne à investir dans la sûreté nucléaire. Pourtant, c’est bien le travail de l’ASN et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), et non le contrôle de qualité des industriels (AREVA et EDF) qui a permis la découverte du défaut de qualité de l’acier de la cuve et du couvercle de Flamanville 3.

C’est dans ce contexte que se profile une surcharge de dossiers complexes que l’ASN ne pourra traiter en même temps. En effet, elle donne priorité aux installations existantes, au détriment de celles qui restent à construire. Ainsi, les gendarmes du nucléaire vont se borner sur la préparation de l’avis sur l’allongement possible, de la durée de vie, des 34 réacteurs de 900 MW. L’enjeu est considérable. Si l’ASN n’accepte pas qu’EDF prolonge l’exploitation de ses plus anciens réacteurs, c’est tout le modèle d’affaires de l’électricien historique qui s’effondre. Dans l’immédiat, l’ASN va soumettre à consultation publique les recherches qui devrait être mis en œuvre pour préparer cette transition décisive .

Par ailleurs, un autre enjeu considérable reste à être remédié, celui de la mise aux normes «post-Fukushima» des principales installations nucléaires de l’Hexagone (centrales d’EDF, usines du cycle du combustible d’Areva, réacteurs et laboratoires de recherche du CEA). En effet, cette problématique risquerait de prendre encore 5 à 10 ans, d’après le président de l’ASN. Cependant, les premiers éléments de la politique visant à être appliquée sont déjà posés: «La force d’action rapide nucléaire est opérationnelle depuis la fin de l’année 2015. Nous l’inspecterons en mars prochain, à l’occasion d’un exercice de crise», affirme Pierre-Franck Chevet, Président de l’ASN.

Reste à savoir aujourd’hui, si l’ASN pourra résoudre tous les problèmes dont elle fait face. Rien n’est sûr. En effet, lors du débat sur la transition énergétique, des moyens supplémentaires ont été réclamés : «Sur les 200 postes que nous avons réclamés pour l’ASN et l’IRSN, le gouvernement nous en a accordé 30», résume Pierre-Franck Chevet. Cependant, les minces économies n’ont jamais permis la bonne marche du nucléaire. En effet, le nucléaire français est aujourd’hui financièrement au pied du mur.
Le président de la République a donc tranché, au cours d’une réunion avec les ministres concernés par ce dossier délicat. François Hollande a autorisé, mercredi 27 janvier, le sauvetage du groupe Areva. Créé à la fin des années 1990, l’ex-leader mondial de l’énergie nucléaire revient à son métier originel: le cycle du combustible . L’entreprise qui avait résulté de la fusion de ces activités (jadis celles de la Cogema, ex-filiale du CEA) et de la fabrication des réacteurs (le métier de feue la société Framatome) n’est plus. Si le plan Hollande est effectivement mis en œuvre, Areva conservera la partie combustible. Pour pouvoir honorer ses engagements financiers, elle devra être recapitalisée à hauteur de 5 milliards d’euros; une opération à laquelle souscrira l’État. Regroupée dans la société Areva NP, la partie réacteur sera cédée à EDF.

Reste à savoir si l’État et ses entreprises publiques pourront effectivement résoudre les problématiques financières. Nul ne sait aujourd’hui comment l’ Etat financera l’augmentation de capital d’Areva. La question se pose aussi pour EDF. Ainsi, tous ces aspects mettent aujourd’hui en péril la sûreté du nucléaire français…