Le glyphosate est un des herbicides les plus utilisés en raison d’un coût relativement faible, d’une bonne efficacité et d’une large souplesse d’utilisation. Il est principalement utilisé pour du désherbage agricole ainsi que pour l’entretien des espaces urbains et industriels.

Le glyphosate est actuellement en cours de réévaluation dans le cadre de la procédure de renouvelle décennal d’approbation des substances actives phytopharmaceutiques au titre du règlement (CE) n°1107/2009. Cette nouvelle évaluation a été confiée à l’Allemagne qui a mandaté son institut fédéral pour l’évaluation des risques (BFR) afin de rédiger le rapport d’évaluation européenne. Celui-ci ne propose pas de classement du glyphosate en termes de cancérogénicité ou mutagenèse. L’autorité européenne, à l’appui de cette évaluation a considéré qu’il est improbable que le glyphosate représente un danger cancérogène pour l’Homme.

Or, le Centre international de recherche sur le cancer le 10 mars 2015 relevant de l’organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que le glyphosate doit être classé en tant que cancérigène 2 A soit « cancérigène probable pour l’homme ».

Suite à ces divergences, le ministère de la santé, la DGCCRF, DGS, la DGT et la DGAL et les associations de consommateurs UFC Que choisir et CCLV ont saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) le 8 avril 2015 pour deux raisons (saisine glyphosate n°2015-SA-0093) :

Tout d’abord identifier si les éléments présentés dans les évaluations du CIRC et ceux présentés dans les évaluations du BfR dans le cadre de l’évaluation européenne sont de nature à soutenir une proposition de modification de la classification du glyphosate selon les règles définies dans le Règlement (CE) N° 1272/2008 (CLP) pour ce qui concerne les propriétés cancérogènes.

Ensuite identifier si les résultats des études de génotoxicité réalisées sur la préparation représentative du dossier européen du glyphosate et présentés dans les projets d’évaluation du BfR sont suffisamment robustes compte tenu des protocoles utilisés, et si ces résultats doivent conduire à des études supplémentaires sur les formulants et/ou sur les préparations.
L’Anses a confié l’instruction de cette saisine à un groupe d’expertise collective d’urgence (GECU) qui n’a pu réaliser la totalité de l’analyse demandée compte tenu des délais impartis.

Dans un avis rendu le 12 février 2016, l’Anes a tout d’abord tenter d’expliquer la différence de résultats entre le CIRC et BF. Selon le GECU les divergences peuvent provenir, au moins pour partie, de l’utilisation de référentiels différents .Le CIRC s’est fondé des articles publiés dans la littérature scientifique en procédant à une analyse critique de la qualité et de la validité des méthodes et résultats présentés. La procédure d’évaluation européenne est, quant à elle, basée sur les études expérimentales requises par le règlement CE n°1107/2009.

Le GECU considère que le niveau de preuve de cancérogénicité du glyphosate chez l’animal peut être considéré comme relativement limité. Ensuite il est peu probable que le glyphosate ait un effet potentiel sur la perturbation endocrinienne. Par conséquent, le niveau de preuve de cancérogénicité de cette substance tant chez l’animal que chez l’homme ne permet pas de classer cette substance comme dangereuse chez pour l’être humain.
Toutefois le groupe de recherche a considéré nécessaire que le classement du glyphosate soit rapidement revu par l’autorité européenne des produits chimiques (ECHA).