Un rapport d'étude a été publié le 3 février 2016 sur le site de la revue scientifique «Nature», démontrant que les forêts tropicales stimulent l'absorption de l'un des gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone.
En raison notamment d'un taux de pluviométrie élevé et des sols fertiles, les nouvelles plantations des forêts tropicales peuvent absorber 11 fois plus de dioxyde de carbone de l'atmosphère que les anciennes plantations des forêts.
Les chercheurs ont élaborés une carte montrant les régions en Amérique Latine où la repousse des forêts tropicales serait la plus bénéfique. Les anciennes forêts tropicales ont cependant besoin d'être préservées en raison de l'importante quantité de gaz carbonique qu'elles renferment.

L'équipe de chercheurs qui a rédigé le rapport regroupait une élite de scientifiques toutes nationalités confondues. Ils ont compilé les données de près de 1500 parcelles à travers 45 sites différents de la région Néotropicale qui s'étend du centre au Sud de l'Amérique. Ils ont ainsi pu mettre en évidence le potentiel de séquestration du gaz carbonique dans les différentes zones étudiées.
La nouvelle végétation se développe à des endroits où l'ancienne végétation ne pousse plus à la suite d'un incendie ou d'une activité humaine comme l'agriculture ou l'exploitation forestière.
Les jeunes arbres croissent rapidement afin de maximiser l'accès à la lumière, à l'eau et aux nutriments essentiels. Les plantes séquestrent alors une plus grande quantité de gaz carbonique de l'atmosphère qu'elles utilisent dans le processus de la photosynthèse. La lumière favorise la photosynthèse et la production de sucres nécessaires au développement des plantes.
En revanche, l'ancienne végétation établie de longue date sur les sites, renferme une grande quantité de carbone accumulé au cours des années voire des siècles d'existence. Les forêts tropicales sont ainsi les plus grands puits de dioxyde de carbone sur la planète. La déforestation est considérée comme l'un des principaux facteurs d'émission de gaz à effet de serre provenant des activités humaines. Elle représente 20% des émissions de gaz à effet de serre.
La capacité des forêts à absorber et enfermer le dioxyde de carbone joue un rôle déterminant dans les efforts visant à atténuer et limiter les impacts des changements climatiques résultant de l'activité humaine.

Le sommet sur le climat des Nations Unies en 2014 a permis l'adoption de la Déclaration de New York sur les forêts, un accord non contraignant qui a fixé l'objectif de réduire de moitié le taux de déforestation mondiale d'ici 2020 , et de mettre un terme à ce d'ici 2030 . La déclaration a également appelé à la restauration de 150 millions d'hectares de forêts dégradées d'ici la fin de cette décennie.
Lourens Poorter de l'Université de Wageningen, Pays-Bas, co-auteur du rapport a déclaré que si il était important de mettre un terme à la déforestation, il était également important de reconnaître le rôle secondaire des forêts dans un contexte d' atténuation des changements climatiques.
Il explique que l'objectif de cette étude est d'obtenir une image complète de la rapidité de cette reprise en termes de biomasse, d'analyser la vitesse de repousse naturelle de la végétation, et la quantité de biomasse absorbée à cette occasion (ce qu'on appelle « la résilience de la biomasse »).
La carte de l'Amérique Latine établie représente la récupération de la biomasse en fonction des variations géographiques et climatiques, ce qui illustre le potentiel de séquestration du carbone au cours de la régénération forestière. Cette carte pourra être utilisée dans la mise en place de politiques visant à réduire au minimum la perte de forêt dans des zones où la résilience de la biomasse est faible (les régions forestières à saison sèche par exemple), et visant à promouvoir la régénération des forêts dans les basses terres tropicales humides à forte résilience de biomasse.

Le chercheur co-auteur du rapport, le Professeur Susan Letcher de Purchase College, Université d'État de New York, États-Unis, a expliqué que "activer la restauration des forêts peut être un processus coûteux, et il peut ne pas être rentable ou même nécessaire dans tous les cas. Dans les paysages avec de faibles niveaux de dégradation, la simple protection des forêts jeunes notamment en leur permettant de se développer peut-être la meilleure stratégie."
Le Professeur Poorter a observé que " En un an, les nouvelles forêts peuvent prendre jusqu'à trois tonnes de carbone par hectare et par an. C'est 11 fois le montant d'une absorption par une forêt ancienne normale." Les forêts secondaires fixent ainsi le carbone actuellement présent dans l'atmosphère dans leur système.