L’océan couvre près des trois quarts de la surface de la Terre, forme 96% de l’espace habitable, procure la moitié de l’oxygène que nous respirons et constitue une source cruciale de protéines pour une population mondiale en peine expansion. Mais les activités humaines ne sont pas sans impact sur cette précieuse ressource à l’échelle locale, régionale et mondiale.
Au cours des décennies et des siècles à venir, la santé de l’océan pâtira des effets croissants d’au moins trois facteurs en interaction. L’élévation de la température, l’augmentation de l’acidité et la diminution de la teneur en oxygène de l’eau de mer modifieront profondément la physique, la chimie et la biologie du milieu marin.

A_ L’acidification de l’océan

L’acidification de l’océan est la conséquence directe de l’élévation des niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Cela provoque une série de réactions chimiques qui augmentent l’acidité de l’eau de mer en surface. L’absorption du gaz par l’océan peut sembler bénéfique, dans la mesure où il ralentit l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et le réchauffement de la planète, toutefois s’il perdure, un changement aussi rapide et profond de la chimie de l’océan risque de nuire à la vie marine. Il sera ainsi non seulement préjudiciable aux organismes, mais pourrait aussi entraîner des modifications de l’écosystème avec des conséquences potentiellement graves pour la société.

B_ Le réchauffement de l’océan

Le réchauffement de l’océan observé ces dernières décennies découle directement de la hausse de température atmosphérique imputable à « l’effet de serre ». Il est probable que ce dernier à des effets directs sur la physiologie des organismes marins et, ce faisant, modifie les aires de répartition des espèces, y compris celles qui revêtent une importance commerciale et sont bien adaptées aux conditions actuelles. Il est presque certain, par exemple, que la hausse des températures n’est pas étrangère au déclin des stocks de morue dans l’Atlantique Nord. La température moyenne de la mer en surface à déjà augmenté de 0,7°C en cent ans, chiffre qui devrait excéder 3°C dans certaines régions océaniques d’ici à la fin du siècle.

C_ La désoxygénation de l’océan

On désigne par ce terme la diminution de la quantité d’oxygène (O2) dissous que renferme l’eau de mer. Le changement climatique peut influer de plusieurs manières sur la teneur de l’océan en oxygène. En effet la hausse de température en réduit la solubilité. De plus le réchauffement climatique risque également d’accentuer la stratification de l’océan et, par conséquent, d’altérer le transport d’oxygène de la surface vers les profondeurs. L’acidification des eaux et le déversement de nutriments par les cours d’eau contribuent aussi à la désoxygénation. Si de vastes étendues étaient touchées, ces organismes en seraient chassés. Ceux qui tolèrent les milieux pauvres en oxygène, en particulier les microbes, se multiplieraient sans doute, changeant ainsi l’équilibre des communautés biotiques. Il est possible également que les faibles teneurs en oxygène de l’océan augmentent la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en modifiant les mécanismes de rétroaction qui mettent en jeu le méthane et le protoxyde d’azote. Selon les modèles actuels, la quantité d’oxygène dans l’océan mondial devrait chuter de 1 à 7% au cours du prochain siècle.