Le procureur général de New York a ouvert une enquête à l’encontre d’ExxonMobil pour déterminer, dans un premier temps, si la compagnie a menti au public concernant les risques connus liés au réchauffement climatique et si, dans un second temps, elle a menti à ses investisseurs concernant les conséquences de ces risques sur l’économie des énergies fossiles. Tout en critiquant le protocole de Kyoto, la compagnie a fait partie et a financé pendant plusieurs années une organisation niant l’existence du réchauffement climatique, phénomène attesté unanimement par les scientifiques du monde entier.

ExxonMobil a ainsi récemment reçu une assignation lui demandant des documents internes tels que des emails, des résultats financiers complets ou bien encore ses résultats de recherches scientifiques. Le but de l’enquête est de savoir si les déclarations de la compagnie faites aux investisseurs, concernant les risques climatiques liés à ses activités pétrolières, sont cohérentes avec les recherches scientifiques de longues dates réalisées par ExxonMobil. L’enquête pourrait remonter à des faits datant de 10 ans et, durant cette période, ExxonMobil aurait financé des groupes externes pour contredire l’existence de risques climatiques liés à l’utilisation et l’extraction d’énergies fossiles telle que le pétrole, alors même que des études internes à la compagnie prouvaient le contraire. Cette procédure à l’encontre d’ExxonMobil pourrait, selon certaines sources, s’élargir à d’autres entreprises pétrolières.

Parallèlement à cette affaire, le numéro un mondial du charbon Peabody Energy qui faisait l’objet d’une enquête depuis 2 ans, également initié par le procureur général de New York, a signé une « Assurance of Discontinuance » dans laquelle elle s’engage à communiquer différemment envers le public et ses investisseurs. Auteurs d’un véritable dossier accablant, les sites « Inside Climate News » et le « Los Angeles Times » ont récemment révélé qu’ExxonMobil connaissait parfaitement les risques de ses activités sur le réchauffement climatique par le biais de ses propres recherches scientifiques réalisés en interne.

L’enquête visant le pétrolier ExxonMobil se base sur le « Martin Act », une loi de l’Etat de New York qui confère au procureur général des pouvoirs très étendus en matière de fraude financière. A ce jour aux Etats-Unis, la plupart des actions en justice visant à tenir pour responsable de conséquences négatives sur le climat les compagnies pétrolières, avaient échoué.
Alors que les actions en justices intentés à ce jour se sont toujours avérées infructueuses, elles avaient pour point commun d’avoir été initiées par des demandeurs privés. Il y a donc fort à parier que l’action publique du procureur général aura bien plus de chance d’aboutir à une condamnation judiciaire.