Depuis la fin du mois de juillet, le Liban était frappé par ce qui a été appelé la « crise des ordures ». Quels sont les origines de ce phénomène ? Ce phénomène se cristallise autour de Beyrouth, la capitale du pays. Le Liban produit environ 1, 5 million de déchets par an. La principale méthode de gestion des déchets est l’enterrement dans des décharges sauvages. Dans la région de Beyrouth touché par la crise, l’usine en charge du traitement des déchets n’a été envisagée que pour traiter la moitié des déchets dont elle assure la collecte.

Les conditions de recyclage sont également rudimentaires, moins de 10% de ces déchets sont effectivement recyclés. Les conséquences sont terribles pour l’environnement. L’eau utilisée pour l’agriculture est contaminé par le lixiviat, liquide résiduel engendré par la traversée de l'eau et d’autres liquides à travers les zones de stockage de déchets.

Le bétail est également touché puisqu’il pâture non loin des décharges. De même les ordures sont régulièrement brûlés entrainant le dégagement de substances toxiques et cancérigènes, touchant aussi bien les hommes que les terres.
Pour revenir à la crise, Il y a plus de trois mois, le 17 juillet dernier, la fermeture d’une décharge au sud de Beyrouth a provoqué l’amoncellement de déchets, provoquant l’émanation d’odeurs putrides et l’envahissement de mouches. Cette décharge la principale du Liban a provoqué un réel chaos. Mais la raison de la fermeture est la saturation de cette décharge alimentée par la ville de Beyrouth, notamment qui ne dispose pas de décharges et ne traite pas ses propres déchets.
Le centre de déchets de Beyrouth situé dans une zone industrielle Karantina a atteint sa capacité maximale d’accueil de déchets. Pour aggraver la situation, La société privée de collecte de déchet a par conséquent cessé la collecte des déchets dans la capitale.

Les risques sanitaires sont réels. Au-delà des mouches, les riverains ressentent les effets directs de cette crise à travers de nombreux symptômes : perte de l’odorat, vomissements et diarrhée. En effet, les matières organiques fermentent et entrainent la multiplication des bactéries.
Le risque est le déversement de déchets directement dans la mer, en effet les déchets commencent à boucher les canalisations, certains citoyens désabusés brûlent leurs ordures à ciel ouvert.

Cette situation a mené à la création d’un mouvement de contestation, le groupe « Vous puez », menant des actions de protestation, si certains ont choisi la solution de la grève de la faim d’autres ont choisi de déverser des ordures devant le ministère de l’agriculture.

Pour solutionner le problème, une proposition du Gouvernement avait été la réhabilitation de deux sites d’enfouissement dans le pays. Mais suite à la gronde des habitants des régions concernés, cette solution a du être abandonnée. L’idée était de transformer ces déchetteries locales en déchetterie accueillant les déchets de Beyrouth et du Mont Liban.
Une autre proposition a émergé : la réouverture pour une semaine de la décharge à l’origine de la crise mais les habitants s’y opposent du fait des conséquences sanitaires néfastes.

La principale solution adoptée dans la gestion des déchets au Liban est l’enfouissement cela pose des questions sur la qualité de l’environnement et notamment des sols qui seront légués aux générations futures. Cette méthode a atteint ses limites et la crise que traverse le Liban le confirme encore.
Le 17 septembre dernier, le ministre de l’Agriculture M. Chéhayeb, a la tête du comité interministériel ayant pour mission de gérer la crise des ordures à annulé le projet de création dans une localité située à la frontière avec la Syrie du fait du risque d’infiltration de la pollution dans les eaux des nappes phréatiques.

Cette situation illustre une gestion non encadrée des déchets qui s’est aggravée pour atteindre son paroxysme. La solution sera peut être politique, mais alors que le poste de président de la république est vacant depuis plus d’un an, le chemin reste encore long et parsemé d’embuches pour ne pas dire d’ordures.