Le rapport de l’OCDE, se basant sur les données des autorités publiques, chiffre entre 160 et 200 milliards de dollars américains par an les mesures déployées pour soutenir les énergies fossiles sur la période 2010-2014. La majeure partie de ces sommes correspond au « soutien dont bénéficiait la consommation de produits pétroliers ». Comme les programmes de soutien se font sur la durée, il semble que la majorité des mesures en faveur des combustibles fossiles ont été adoptées avant l’an 2000 « époque où le changement climatique n’était pas forcément jugé préoccupant par les responsables politiques et où la situation économique était globalement très différente ».

Le premier chapitre du rapport répond à la question : « Pourquoi mesurer le soutien aux combustibles fossiles ? ».
D’abord, réformer le soutien aux combustibles fossiles est utile pour lutter contre le changement climatique. En effet, les Etats doivent intensifier leurs efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Et l’un des défis de la transition énergétique tient « aux coûts que les mesures d’atténuation peuvent imposer à court terme aux acteurs économiques » entreprises et ménages. L’OCDE explique ici que les subventions aux énergies fossiles faussent le prix de ces énergies et rendent les énergies écologiques plus couteuses. En ce sens « elles font partie de l’ensemble plus large des subventions dommageables à l’environnement ». L’OCDE a déjà produit des études sur les subventions dommages à l’environnement et s’y intéresse depuis l’adoption par les Ministres de l’Environnement des pays membres de l’organisation en mai 2001 de la « Stratégie de l’environnement de l’OCDE pour les dix premières années du XXIème siècle ». Cette stratégie a deux objectifs : l’objectif 1 soulignait « la nécessité d’éliminer ou réformer les subventions et les autres politiques qui favorisent une utilisation non viable des ressources naturelles » et l’objectif 2 met « l’accent sur « la réforme fiscale verte » qui revêt une importance particulière dans le cas des avantages fiscaux encourageant la production et la consommation de combustibles fossiles ».
Le rapport se concentre sur les subventions aux combustibles fossiles parmi les différentes subventions dommageables à l’environnement car elles se distinguent « par la fréquence de leur application et l’ampleur des incidences budgétaires et environnementales qui leur sont imputables ». Ces subventions sont source de distorsions dans la concurrence entre les différents biens et services relatifs à la consommation d’énergie. Par ailleurs ces subventions sont coûteuses pour les finances publiques. L’OCDE critique cet état de fait en particulier dans la conjoncture actuelle où les Etats ont des difficultés à maintenir un équilibre budgétaire. L’organisation prend pour exemple l’Indonésie où « les subventions à la consommation de produits pétroliers et d’électricité (…) ont presque atteint 20% des dépenses totales de l’administration centrale en 2011 ». L’Indonésie a depuis réduit considérablement ces aides, économisant 14 milliards de dollars américain entre 2014 et 2015.
Enfin, ces subventions sont préjudiciables à l’environnement car elles renchérissent et rendent plus difficile la transition énergétique.
L’OCDE critique donc ces subventions qui ne sont pas logique au regard des initiatives internationales en vue de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la lutte contre le changement climatique en général.

Le chapitre 2 est relatif à « l’approche de l’inventaire pour estimer le soutien aux combustibles fossiles ». L’inventaire est disponible en ligne et vise à recenser « les mesures de soutien à la production ou à la consommation de combustibles fossiles appliquées dans les pays de l’OCDE et dans certaines économies partenaires ». La base de données couvre 40 pays et 40 types de combustibles.
Le chapitre 3 présente « le suivi des progrès de la réforme du soutien aux combustibles fossiles ». L’inventaire cite une étude démontrant qu’une politique coordonnée des pays émergents et en voie de développement aurait pour effet de réduire de 3% les émissions de gaz à effet de serre.
L’OCDE conclut en incitant les « responsables politiques à poursuivre les efforts déployés à ce jour pour réformer les mesures de soutien aux combustibles fossiles ».

Le 21 septembre, la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme a salué ce rapport en expliquant que si le niveau des subventions aux combustibles fossiles restait élevé, la tendance était à la baisse et ce surtout grâce à l’action des pays émergents et en particulier : le Mexique, l’Inde et l’Indonésie.