
En marche vers une future stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
Par Soledad LEMBOURG
Juriste Environnement
Sialis
Posté le: 20/09/2013 19:44
I – Un enjeu international émergent
La 3e conférence internationale sur la gestion des produits chimiques (ICCM3), a reconnue en septembre 2012 les perturbateurs endocriniens comme « enjeu international émergent ». L’organisation Mondial de la Santé définit les perturbateurs endocriniens comme « des substances ou des mélanges exogènes, possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact, chez ses descendants ou au sein de (sous)- populations. Cette catégorie est divisée en deux sous- catégories : la catégorie 2a pour les perturbateurs endocriniens suspectés et la catégorie 2b pour les perturbateurs endocriniens pour les substances possédant des indications de propriétés de perturbation endocrinienne ». Plus communément, ils se définissent comme des substances chimiques susceptibles de porter atteinte au fonctionnement normal de l’organisme de l’être humain et à l’environnement
Aujourd’hui, les perturbateurs endocriniens sont mis en cause dans un grand nombre de pathologies (obésité, diabète, cancer etc.), mais une augmentation inquiétante des morbidités liée à ces substances ont également été constatés. Effectivement, ces derniers représentent un danger pour la santé humaine puisqu’ils envahissent notre quotidien (pesticides, poêle etc.), et ont pour effet de provoquer des dysfonctionnements hormonaux. Mais il faut savoir qu’ils mettent autant en péril l’écosystème.
Aucunes mesures appropriées n’est encore venues réduire l’exposition de l’ensemble de la population à ces substances, c’est pourquoi la déclaration de consensus lors de cette conférence a très bien été accueillie par l’ensemble des Etats, prêts à se coaliser pour lutter contre ces risques (à l’exception des Etats Unis et du Canada). Les objectifs seraient alors la réduction des expositions à ces produits et une reconnaissance internationale de ses effets néfastes sur la santé et sur l’environnement. Celle-ci ouvre donc la voie à une action internationale contre les dangers des produits endocriniens qui représentent un enjeu de santé planétaire.
II – La mise en œuvre d’une stratégie nationale
Pour répondre à cette action internationale, en France, un groupe de travail s’est formé dans le but d’élaborer une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens. L’objectif affiché par cette stratégie vise à diminuer l’exposition de la population à ces substances, afin de préserver leurs impacts sanitaires, économiques et environnementaux. C’est à l’issue de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre 2012 que le gouvernement décida de mettre en place ce groupe de travail constitué de parlementaires, représentants des ministères concernés, ONG, fédérations professionnelles, agences et experts spécialisés. Ce dernier a pour mission principal de se réunir affin de mettre en œuvre des actions d’expertise, de recherche, d’information du public et de réflexion sur l’encadrement réglementaire de ces substances. Au terme de plusieurs réunions, le groupe de travail a finalement présenté un texte proposant d’expertiser près de cinq substances par an, afin d’évaluer leur caractère perturbateur et de prévenir les risques qu’ils représentent. Afin de mettre en évidence les mesures entreprises pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens, Phillipe Martin (Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie depuis 2013) et Marisol Touraine (Ministre des affaires sociales et de la santé) ont engagé le 19 août 2013 une consultation du publique sur l’avenir de cette stratégie nationale, permettant ainsi au grand public d’être informer et de participer activement jusqu’au 20 septembre 2013 à sa mise future mise en œuvre. La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens sera d’ailleurs définitivement arrêté par le gouvernement à l’issue de cette consultation.