« La Terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent ».

Cette citation de Saint Exupéry donne tous son sens à la notion de développement durable.
Apparue sous Colbert avec l’idée de gestion durable des forêts, cette approche a été définie en 1987 dans le rapport Brütland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU comme « un développement qui répond aux exigences du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Le développement durable a une vocation globale, il se décline dans de nombreux domaines non seulement en matière sanitaro-environnementale, mais aussi et plus généralement en matière économique et sociale.

Il est aujourd’hui au cœur des politiques publiques.
Le milieu médical n’y fait donc pas exception : si cette composante n’y est pas encore une priorité, elle n’est cependant pas ignorée et devient partie intégrante des objectifs des établissements de santé. Déjà en 2005, le 34è congrès de la fédération internationale des hôpitaux à Nice, attribue à l’hôpital « par sa vocation, ses missions et ses activités, une plus grande responsabilité et un devoir d’exemplarité dans la mise en place d’une stratégie de développement durable ».

Cette intégration prend une importance croissante dans la certification des établissements de santé. L’objectif poursuivi est de concourir à une amélioration de la prise en charge des patients dans les hôpitaux et cliniques sur l’ensemble du territoire français. La certification consiste en une auto-évaluation suivie d’une visite réalisée par des professionnels de santé extérieurs à l’établissement et intègre un dispositif de suivi qui vise à engager les professionnels de l’établissement dans une démarche de qualité durable.

Initialement pris en compte de manière timide dans les certifications V1 et V2, le développement durable trouve aujourd‘hui toute sa place dans la dernière version dite V2010 qui s’appliquera à partir du 1er janvier prochain.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a, en effet, réalisé tous les enjeux du développement durable appliqués au domaine de la santé : alors que la consommation d’énergie a doublé en trente ans, pourquoi laisser des pièces vides illuminées toute la nuit dans un hôpital, une mauvaise habitude qui consomme 15% de l’énergie du secteur tertiaire ? Comment gérer les déchets hospitaliers qui représentent 3,5% de la production nationale ? Aujourd’hui, un patient consomme 1000L d’eau par jour alors que 1/5ème de la population n’a pas accès à l’eau potable.

Cet essor du développement durable dans les certifications se fait-il dans la rupture ou dans la continuité ?

Tout le premier chapitre de la V2010 est dédié au développement durable autour de huit critères :
1/ L’engagement stratégique des établissements de santé dans le développement durable : promouvoir ce concept comme outil de management.
2/ Une meilleure qualité de vie au travail : intégrer le bien-être des salariés comme facteur déterminant du système de management.
3/ Promouvoir les éco-achats : favoriser l’utilisation de produits et services ayant un impact moindre sur l’environnement et intégrer des clauses sociales et environnementales dans les cahiers des charges.
4/ Promouvoir une gestion durable de l’eau : engager les établissements de santé dans une démarche économique de l’eau ainsi que la limitation et la maîtrise des effluants polluants.
5/ Organiser, assurer et maintenir une bonne qualité de l’air : prévenir et maîtriser les sources de pollution et veiller au confort thermique.
6/ Promouvoir une gestion durable de l’énergie : action de maitrise de l’énergie.
7/ Garantir des conditions d’hygiène optimales.
8/ Promouvoir une politique de recyclage des déchets.

Ces recommandations se traduiront en pratique par des gestes simples procédant d’une meilleure éducation éco citoyenne (ex : diminution de la pression des douches, utilisation de peintures biologiques…), de petits investissements (ex : mise en place détecteurs de mouvements pour la lumière, cantine biologique…) ou de refontes plus profondes (ex : installations de panneaux photovoltaïques, d’éoliennes horizontales, de chaufferie à granulés de bois, d’un toit végétaliste, d’un parking écologique…).

Le ton est donc donné, le développement durable sera une des priorités de la dernière version de la certification. S’adaptant aux nouvelles contraintes de son temps, celle-ci s’inscrit dans une continuité des premiers jalons posés tout en ajoutant des composantes nouvelles et indispensables sur la qualité de vie au travail et le développement des éco-achats.

Une seule petite critique pourrait être formulée : une carence de critères de responsabilisation du patient pour une prise en charge plus efficiente de ce dernier. Il ne fait aucun doute que ce point, dans un souci de développement continu de la certification, sera pris en compte dans la prochaine version.


Marine Demonchaux.