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Un partenariat gaz – énergies renouvelables pour la transition énergétique ?
Par Sophie RENARD
Juriste Qualite - Securite - Environnement
GDF Suez - GRTgaz
Posté le: 19/06/2013 14:12
Un groupement de cinq grands investisseurs du secteur du gaz souhaite promouvoir une production d’énergie à faible émission de carbone en mettant en place un partenariat du secteur du gaz avec et celui des énergies renouvelables. Baptisée « The Energy Partnership, The European Coalition for Renewable Energy and Gas », la coalition a reçu en fin d’année 2012 le soutien du commissaire à l’Energie Günther Oettinger. Ces entreprises se sont engagées à travailler ensemble pour fournir des solutions concrètes et favoriser la prise de conscience sur la nécessité d’adopter une politique énergétique intégrée en Europe à l'horizon 2030-2050. L’objectif est d’œuvrer pour que les règles du marché de l’énergie soient favorables à l’utilisation complémentaire entre les énergies renouvelables et le gaz naturel, pour assurer à ces énergies du futur une part grandissante sur le marché de l’électricité.
Le hasard du calendrier à fait que des textes européens ont suivis de très près cette initiative. Le 15 novembre 2012, soit deux semaine après l’annonce de la création de cette coalition, la Commission européenne a publié une communication « Pour un bon fonctionnement du marché intérieur de l’énergie » qui encourage les Etats membres à achever la libéralisation du marché du gaz, prévue en 2014. L’un des grands objectifs est de favoriser l’interconnexion transfrontière de l’électricité et du gaz.
Par ailleurs, dans la feuille de route pour l’énergie à l’Horizon 2050 du 7 février 2012 va dans le même en appellant les énergies renouvelables à jouer un rôle prépondérant dans le bouquet énergétique.
Le gaz pourrait notamment être envisagée comme energie de secours pour assurer la continuité de l'électricité en cas de pénurie d’électricité d’origine renouvelable.
L’approche souhaitée est d’axer la réglementation sur l’élaboration des solutions intégrées pour envisager le système énergétique comme un tout.
En pratique, le plus difficile risque d’être l’aboutissement à des positions communes sur des sujets tels que les avantages d’un prix plancher du carbone, les types de production de gaz considérés comme faible en carbone, le gaz de schiste, la durée de la transition du gaz vers une économie fondée sur les énergies renouvelables ainsi que les objectifs d’énergies renouvelables pour 2030.
La coalition entend se développer à d’autres entreprises du secteur du gaz, ainsi qu’aux organisations de la société civile concernées « afin d’influer sur la stratégie et les décisions des institutions de l’UE » notamment après 2020, date à laquelle les Etats membres se sont engagés à atteindre 20% d'énergies renouvelables dans leur mix énergétique. Pour Jörg Gmeinbauer, le directeur du groupe allemand Alpine Energie, spécialisé dans les travaux sur les lignes haute tension et les réseaux de télécommunications, « il est temps d’adopter une approche systémique de la politique énergétique en Europe ».
Le contexte est particulier. Le boom du gaz de schiste aux Etats-Unis ces dernières années a fait reculer massivement la consommation de charbon, contribuant à améliorer le bilan CO2 engendrant une baisse spectaculaire des émissions dans le pays. Mais cela a engendré un effet pervers, conduisant à une arrivée de charbon américain à prix réduit sur le marché européen, moins coûteux que le gaz dont le prix sur le marché européen est indexé à celui du pétrole. Ce retour du charbon en Europe est très mauvais pour l’Union européenne qui souhaite s’ériger en modèle sur le plan climatique, investissant énormément dans les renouvelables mais permettant aux producteurs d’électricité de s’approvisionner en charbon à bas cout.
C’est pourquoi les industriels cherchent à favoriser la mise en place d’un cadre réglementaire permettant que les investissements soient dirigés préférentiellement vers les centrales à gaz.
La coalition estime donc qu'il est urgent que les décideurs européens reconnaissent les travers de cette situation et prennent les mesures pour y remédier. Elle propose des recommendations sur un certains nombre de sujets.
D'abord rétablir la confiance dans le système d’échange de quota d’émissions en tant que moteur principal pour les investissements dans le gaz et les technologies dans le renouvelable, la production et l’infrastructure. Ensuite, fixer des objectifs à l’horizon 2030 et s’assurer que ces objectifs, y compris l’extension de la directive sur les énergies renouvelables, soient en conformité avec les objectifs d'échange de quota d'émissions.
Pour finir, il a été retenu que des actions seront mises en place pour faciliter des infrastructures énergétiques pauvres en carbone et basées sur le gaz et les renouvelables.
Le groupe espére que les technologies combinant le gaz et les énergies renouvelables puissent être commercialisées d’ici 2030.
En guise de conclusion, Stephan Reimelt, directeur de GE Energy Allemagne a estimé qu' « il est évident que les renouvelables et le gaz offrent le chemin le plus économique, le plus fiable et le plus durable pour la sécurité énergétique de l’Europe ».