La Cour des comptes estime dans un rapport en date du 17 décembre que l'Etat français se prive de près de 7 milliard d'euros. Une perte de recettes fiscales liée aux avantages fiscaux dont bénéficie gracieusement les consommateurs de diesel.
Pourquoi un tel traitement de faveur envers une technologie dont on connaît pourtant la dangerosité pour la santé publique ?

Un favoritisme d'une technologie franco-française...

Dans les années 80, afin de survivre face à la concurrence, notamment japonaise, l'industrie automobile française se lance dans la course au diesel, le groupe PSA en tête.
Ces véhicules, surtout depuis la mise en place du système d'injection directe, consomment près de 20% de moins, un argument "massue".
En terme économique, les véhicules ayant une motorisation diesel représentent près de 70% du parc vendu au cours de la seule année 2011. En terme d'emploi on peut soulever le fait que 100% des moteurs diesel du groupe PSA sont fabriqués en France, ce qui représente plus de 3000 emplois...
Ainsi l'Etat Français a très vite et continu depuis une trentaine d'années de favoriser cette technologie et cela par deux moyens :
-Le premier est une taxation des plus avantageuse du gazole par rapport à l'essence (96% du prix pour le gazole face à 133% pour l'essence), un avantage qui se répercute sur le prix à la pompe.
-Le deuxième moyen est une taxation sur les véhicules de société (TVS) plus avantageuse. En effet cette taxe est en partie calculée sur les émissions de CO2 produites par le véhicule. Or un véhicule diesel émet moins de CO2...
Ces faveurs ont fait depuis des années du diesel le "chouchou" d'une grande partie des consommateurs mais aussi et surtout des professionnels du transport: (taxis, routiers) et des commerçants constituant avec les constructeurs automobiles un véritable lobby pro-diesel.

...Au détriment de la santé publique :

Certes comme dit précédemment un moteur diesel émet moins de CO2 qu'un moteur à essence, cependant il est plus nocif pour la santé . En effet les gaz d'échappement des moteurs diesel ont été classés par l'OMC en juin 2012 comme cancérigènes.
Cette dangerosité est le fait de la présence de particules fines rejetées par les véhicules. Ces particules, qui pénètrent dans le système respiratoire, peuvent causer chez les personnes les plus vulnérables des maladies respiratoires et cardiovasculaires. En France ces particules seraient responsables de près de 45000 morts prématurées par an selon les pouvoirs publics.

Depuis1992 des normes européennes ont vu le jour afin de limiter le taux d'émission de ces particules. Des filtres à particules ont été créés, permettant de faire baisser drastiquement l'émission de ces dernières. Paradoxalement ces filtres combinés à des catalyseurs ont entraîné une hausse significative d'oxyde d'azote (NOX), un gaz extrêmement toxique pour le système respiratoire.
La prochaine étape dans la dé pollution du diesel sera de s'attaquer aux NOX : une nouvelle norme baptisée EURO 6, qui entrera en vigueur le 1er septembre 2014, aura pour objectif de ramener le diesel au même niveau de pollution que l'essence. Des solutions existent, mais elles sont relativement coûteuses (telles que le dé-pollueur Adbleue) et auront certainement un impact sur le prix de vente final des véhicules, entraînant le mécontentement des consommateurs et des constructeurs.

Les professionnels et les constructeurs semblent bien loin de vouloir lâcher le diesel et ses avantages fiscaux, à tel point que Peugeot-Citroën a décidé d'aller plus loin en proposant une gamme de véhicules hybride diesel-électrique pour mieux faire rentrer cette technologie dans l'air du temps et continuer d'en produire dans le futur. Au PDG de Renault, Carlos Ghosn, d'enfoncer le clous en répondant à la question qui lui était posée sur son opinion concernant la fin de ce favoritisme fiscal : "Au moment où l’Europe s’enfonce dans une crise, est-ce vraiment le moment de réduire la compétitivité du diesel en changeant les règles ? »